Quand la BD fait son théâtre – partie 1 – Rouge Ketchup
par David Lefebvre
Partie 1 – Rouge Ketchup
L’organisme Parenthèses 9 est très actif à Québec. Sa mission : « développer le potentiel de la bande dessinée comme outil performatif, dans un contexte non traditionnel, dans une perspective interdisciplinaire ou multidisciplinaire ». Récemment, on a pu assister à Improvise-moi une BD, Cadavre-exquis en BD, La Fièvre des planches (dont la 2e édition sera présentée au prochain Festival de la bande dessinée francophone de Québec, le 10 avril au Musée de la Civilisation), Paroles sur images et Godzilla Vs Poutine.
En mars, Parenthèses 9 donnait rendez-vous aux amateurs de BD et d’événements multidisciplinaires au sous-sol du Cercle pour une expérience immersive dans l’univers de célèbre personnage Red Ketchup, de Réal Godbout et Pierre Fournier, qui a vécu dans les pages du magazine CROC. Imaginé par cinq artistes aux univers distincts, soit Érick D’Orion (art audio), Frédérique Laliberté (art vidéo), Paul Brunet (arts visuels), Francis Desharnais (BD) et Jocelyn Pelletier (metteur en scène de Electronic City et Radical K-O), Rouge Ketchup s’avère être un court déambulatoire au coeur d’une parcelle de l’univers de cet agent du FBI poly-toxicomane , comme si nous assistions à une réflexion fantasmagorique sur son existence déjantée qui n’aurait duré qu’une fraction de seconde, qu’un battement de coeur.
Mixage sonore, mixage vidéo et dessins animés en direct attendent donc les spectateurs dans un décor de chambre d’hôtel complètement saccagée – selon la coutume – par Ketchup, bien évaché dans un divan, devant une table remplie de barbituriques et de rails de poudre bien alignée. Le son se fait tonitruant, persistant, percutant, produit par des pistes électroniques ou du scratch sur certaines surfaces, dont un vinyle, hyper amplifié. Les images dans les télés qui jonchent le sol vont d’images de guerre à chambres d’hôtel de luxe. Au fond de la salle, des rideaux horizontaux sont tirés, sur lesquels Ketchup tirera du liquide rouge, grâce à des fusils à eau, avant de s’envelopper dans un drapeau aux couleurs américaines, mais avec l’effigie de la faucille et du marteau de l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS).
Violence, paranoïa, drogue, animaux, propagande ; le projet de Parenthèses 9, développé lors d’une résidence de création au Cercle Lab vivant, et présenté durant trois jours seulement, propose avec Rouge Ketchup une expérience auditive et visuelle intense, obsessive, qui ose s’aventurer hors des cases de la BD, s’éloignant de (voire renonçant à) la représentation graphique de Godbout et Fournier pour explorer davantage l’inconscience du personnage. Par contre, et malgré certains efforts, le propos devient trop sérieux, occultant le côté fou de la BD.
À VENIR, PARTIE 2 – Parole de planches, qui aura lieu le 9 avril 2015 au Théâtre Petit Champlain dans le cadre du FBDFQ, mettant en vedette Anne-Élisabeth Bossé, Lise Castonguay, Jean-Philippe Bergeron, Tony Curien, Éléonore Lavigne et Léo Tasserit.