La soirée d’ouverture du Jamais Lu : Condamnée au triomphe
par Geneviève Germain
C’est dans une salle pleine à craquer que s’est déroulée la soirée d’ouverture du Jamais Lu. Les billets se faisaient rares et une liste d’attente a même due être établie tant l’affluence était grande. Misant sur une ambiance conviviale et décontractée, des mets péruviens étaient disponibles à l’entrée et on pouvait s’offrir un verre pour le déguster en salle. C’est finalement avec quelque 40 minutes de retard que s’est amorcée la présentation avec un coup d’envoi à deux voix de la part des codirecteurs artistiques, Marcelle Dubois et Geoffrey Gaquère.
Surprise précédant la programmation annoncée : un texte de la plume de Stéphane Crête qui a relevé le défi avec doigté (et beaucoup d’humour) d’intégrer les 112 mots qui ont été achetés dans le cadre de la campagne du microdon. Les donateurs ne lui ont certes pas rendu la tâche facile avec des mots tels vernaculaire, aporie, tarabiscoté et apopathodiaphulatophobie (!). Il a su ficeler un malgré tout un récit rocambolesque et surtout amusant, même si on peut se douter que plusieurs auraient souhaité avoir un dictionnaire sous la main.
Enfin, la pièce de subsistance orchestrée par Olivier Choinière, qui a su réunir pas moins de 26 auteurs, était tout aussi inspirante. Le concept : 26 lettres de l’alphabet pour 26 mots en perte de sens. Chaque mot a été attribué à un auteur et celui-ci devait rédiger une lettre destinée à la personne, ou même l’organisme, de son choix. Avec des mots tels A pour artiste, C pour crise, K pour Kâlisse, Q pour pays ou R pour révolution, le public a eu droit à des lectures de lettres parfois engagées, ou encore réfléchies, franchement drôles, parfois crues, et surtout enlevantes.
Un superbe coup d’envoi pour le 12e Jamais Lu au Théâtre aux Écuries qui, semble-t-il en jugeant de sa forte popularité et des mots mêmes de son codirecteur artistique, est condamnée au triomphe.