CINARS 2012 : Gold Mountain
par David Lefebvre
Alors que novembre fait coucher le soleil de plus en plus tôt, la Biennale CINARS (Conférence internationale des arts de la scène) s’installe à Montréal pour éclairer le paysage culturel de la métropole et proposer 23 spectacles en danse, théâtre, musique, cirque et arts multidisciplinaires. Et on ne parle que de sa programmation régulière, car il y a aussi l’Off CINARS (à découvrir ici). Le public montréalais et les professionnels de partout à travers le monde ont ainsi la chance de voir des spectacles dans leur intégralité, ainsi que des extraits de certaines créations québécoises.
Les Deux Mondes profitent de l’occasion pour présenter l’un de leurs plus récents spectacles, Gold Mountain, coproduit par le Unity Theatre de Liverpool. Créé en octobre 201o, imaginé et écrit par David Yip et Kevin Wong, Gold Mountain est l’histoire d’un Chinois d’à peine 14 ans qui s’embarque sur un bateau, à la recherche de sa « montagne d’or », d’une richesse qui ferait honneur à sa famille. Il débarque à Liverpool, dans les quartiers ouvriers, où il travaille pour des blanchisseries et des fumeries d’opium. C’est l’histoire d’un garçon devenu homme puis père, marié à une jeune Anglaise qui sacrifie beaucoup pour lui, incluant sa propre famille. C’est le récit d’un homme qui souffre de ses problèmes de jeux et qui perd tout, jusqu’à une partie de sa raison. Mais c’est surtout l’histoire de la grande Histoire, celle d’une révolution communiste en branle, et celle d’une petite sans l’être, d’un exil difficile loin de la famille, de la terre natale et des premières amours.
La mise en scène de Daniel Meilleur est d’une superbe esthétique, poétique, simple et complexe à la fois, alliant la magie de la parole et l’efficacité du multimédia. La combinaison est pensée et brillante ; les projections (sur deux écrans amovibles ainsi que sur les corps et des draps) et la musique sont magnifiques et de grande qualité, créant des ambiances parfaites pour ce récit historico-politico-personnel. C’est un discours de sourd entre le père Yee Lui (David Yip) et le fils (juste et sobre Eugene Salleh, qui interprète en fait David Yip) ; une rencontre mi-narrée mi-jouée entre deux hommes dont l’un, blessé, tentera malgré tout de comprendre l’autre, perdu dans une société qu’il n’aura jamais apprivoisée.
Même si quelques transitions sonores étaient encore très dures et peu subtiles, brisant la beauté des scènes, Gold Mountain s’avère une aventure tout aussi touchante que passionnante. Une histoire intime dans un monde en mouvement, des années 20 à aujourd’hui.
Il reste une représentation ce soir, sur invitation seulement ; il faudra attendre avril prochain (du 16 au 27 avril 2013 plus précisément) pour voir le spectacle, au même endroit, soit Aux Écuries.
Extraits du spectacle: