Critique – Festival Petits Bonheurs – Sous la feuille
par Daphné Bathalon
Du très petit au très grand, c’est le terrain de jeu sur lequel se bâtit Sous la feuille, création d’Ariane Voineau et de Josué Beaucage, respectivement issus du monde de la danse et de la musique.
Spectacle pour les tout-petits (à partir de 18 mois), Sous la feuille survole d’abord la forêt, avant d’aller se nicher dans sa pénombre, au plus creux d’un petit univers mystérieux pour mieux en découvrir les formes, les sons et les couleurs. Sous la canopée, au pied d’un grand arbre de papier qui nous fait paraître tout petit, et à l’abri de son feuillage, une feuille virevolte, accompagnant le public dans son exploration. Le spectacle est porté par cette idée que selon les points de vue, on peut être une fourmi ou un géant… ou les deux à la fois.
Dans un doux cocon de fourrure, de toile et de silence, Sous la feuille recourt à l’ombre et à la lumière, aux sons et aux moments de calme pour stimuler les sens et inviter les enfants à tendre l’oreille. La production mise sur des mouvements tout en lenteur qui suggèrent plus qu’ils ne montrent tandis que la mise en scène crée une ambiance reposante dans laquelle il fait bon prendre son temps, guidé par l’esprit curieux des deux personnages interprétés par Voineau et Beaucage.
La curiosité des jeunes spectateurs, elle, s’épuise néanmoins, son intérêt stimulé de manière inégale pendant la représentation. Chaque tableau se construit sur un même rythme lent que viennent ponctuer de rares éléments plus dynamiques, qu’ils soient visuels ou sonores. Il est vrai que les tout-petits apprennent beaucoup par la répétition, mais certains tableaux s’étirent inutilement. La visite de l’ours en pleine nuit n’a ainsi pas su retenir l’attention des plus jeunes, malgré le drôle de bivouac de l’homme, et même les premiers chassés-croisés des deux personnages s’étiolent après quelques répétitions. Malgré les chorégraphies enveloppantes d’Ariane Voineau, le spectacle peine chaque fois à recentrer l’attention de son public.
Pourtant, d’heureuses trouvailles parsèment Sous la feuille, comme ces jolies maquettes baignées de lumière qui font de nous des géants, ce passage des saisons marqué par les transformations d’une feuille baladeuse, ces jeux d’ombre sur le tronc d’un arbre ou ce cahier dans lequel on glisse nos trésors… Le texte lui-même fait naître une belle poésie en nous ouvrant la voie vers cette forêt un peu magique où humains et feuilles valsent doucement.
Sous la feuille joue finement avec les concepts de distance et de taille au gré d’une exploration attentive du sous-bois. De par sa lenteur inhérente, l’expérience, au final, s’apparente davantage à une séance de relaxation, où nos sens sont en éveil et où notre attention papillonne par moments sans gouvernail pour la guider.
Le spectacle sera aussi présenté les 1er et 2 juin 2019 au Théâtre jeunesse Les Gros Becs