Saison 2 – Épisode 6 – Antoine Laprise (et le Loup Bleu!)
« (Je voulais prouver qu’on pouvait faire) un théâtre épique, intellectuellement exigeant et à la fois très ludique ».
Discuter avec Antoine Laprise, c’est toujours extrêmement agréable. L’homme de théâtre, diplômé du Conservatoire d’art dramatique de Québec en 1990, concurrent de la Course Destination Monde en 1996, en plus d’être un acteur talentueux, un marionnettiste hors pair, un excellent metteur en scène et un réalisateur de documentaires et de courts métrages, est un « jeune » professeur, un rôle qui lui plait beaucoup, dans lequel il apprend à transmettre sa passion qu’est la marionnette. Il enseigne à l’UQAM les cours Initiation à la marionnette et Mise en scène avec la marionnette ; il était naturel que David et lui parlent de formation.
Antoine se remémore alors ses années au Conservatoire, une « école des relations humaines (où l’on se confronte) à l’émotif, au relationnel, à l’autorité, à l’introspection, à l’intériorité et au rapport à soi. On joue dans une matière fondamentale qui est l’humain! » Il parle ensuite des années avec Josée Campanale du Théâtre de sable (« une école dure, rigoureuse, exigeante »), et des raisons qui l’ont poussé à choisir la marionnette comme médium de création.
« Je voulais fuir les contraintes. J’étais pressé d’arriver quelque part. Et je me disais qu’en faisant de la marionnette j’allais pouvoir faire tout ce que je veux, personne n’allait m’écoeurer, parce que ça intéresse personne. Mais, je vais faire en sorte que ça intéresse les gens ».
Un défi qu’il réussit à relever haut la main, grâce aux productions de sa célèbre compagnie le Théâtre du Sous-marin jaune. David et Antoine en profitent pour revenir sur le succès de La Bible (2000), un « classique instantané », du spectacle hétéroclite Les Essais (2008), d’après Montaigne (« on a fait du cinéma et du rock… au théâtre ») et sur Guerre et Paix, d’après Tolstoï.
La discussion se poursuit sur les pratiques du théâtre au Québec, et David ne pouvait passer à côté des événements de l’été 2018. Antoine parle alors de Peter Brooks, du travail de Wajdi Mouawad alors qu’il était à la tête du Quat’sous, et se dit d’accord avec les mots de Mnouchkine « L’art de l’acteur, c’est justement de se faire l’autre». « Ce sont des (moments de) chaos et des heurts que l’on vit, mais je ne suis pas pessimiste. »
Frères humains, bonjour
Mais qui dit Antoine Laprise, dit… Loup bleu ! Une surprise attendait David, et ce, dès le début de la rencontre. David a pu enfin réaliser un vieux rêve, celui d’interviewer une marionnette ! On en apprend un peu plus (ou pas) sur ses origines mystérieuses (mais surtout sur son éternelle quête, qu’il poursuit grâce à la… méditation). Le loup philosophe sur le rapport des hommes à la marionnette. « La marionnette assure une continuité, un rappel du rapport fondamental de l’homme à la matière. Et c’est pour cela que (nous) sommes là, les marionnettes. Nous sommes une interface qui aide (…) l’humanité à comprendre d’où elle vient. » Un échange fort pertinent et passionnant !
Merci à Antoine Laprise pour sa grande ouverture et les photos, et au Studio-théâtre de l’Illusion pour l’accueil et avoir permis cet enregistrement.