Par Daphné Bathalon

Ce dimanche 8 mars, Journée internationale de la femme, avait lieu le tout premier match en saison régulière de la LNI sans les Verts. Eh oui! Drôle de coup du hasard, l’équipe de l’entraîneur Christian Brisson-Dargis était de tous les matchs jusqu’à présent. Avec deux victoires et deux défaites à son actif et un seul autre match à jouer, l’équipe occupe désormais une position pour le moins fragile au classement…

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Virginie Fortin et Anne-Élisabeth Bossé dans l’impro Mon fils (photo Daphné Bathalon)

Tandis que les Verts prenaient donc un repos bien mérité, les Rouges et les Bleus s’affrontaient sur la patinoire. Dans le coin coin gauche, les Bleus de Christian Laurence (remplacé dimanche par Delphine Bienvenu, oiseaux rares les entraîneuses à la LNI…) étaient déterminés à montrer leur maîtrise de l’espace de jeu pour leur premier match de la saison. Dans le coin droit, les Rouges de Jean-Philippe Durand, forts d’une première victoire et dont le mot d’ordre cette saison est « rigueur et ridicule ». Deux équipes aux forces égales avec des joueurs physiques et aux têtes débordantes d’idées échevelées, qui ont plus d’une fois laissé l’arbitre Simon Rousseau et une partie de l’audience plutôt perplexes.

Devant un public clairsemé en ce beau dimanche de fin de relâche, les jouteurs ont ouvert la première période avec Les charmes de l’Italie, une mixte de 5 minutes bien construite quoiqu’un peu longuette et tournant autour d’une touriste québécoise incarnée par Anne-Élisabeth Bossé. L’impro a permis aux deux équipes de mesurer leurs forces et de donner le ton d’un match qui a fait la part belle aux répliques poétiques et aux structures originales. Dans cette impro, on a ainsi enfin su pourquoi la tour de Pise est penchée : « Elle vous désire… » a déclaré un François-Étienne Paré grandiloquent en guide italien. Réal Bossé a même sorti son plus bel « italien » pour charmer le public, qui a forcé un premier comptage dès cette première impro. Chose rarissime, le décompte a été de 131 pour chaque équipe. Égalité!

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Simon Boudreault (Photo Daphné Bathalon)

La première période s’est poursuivie de manière moins éclatante avec une comparée sous la ceinture intitulée Foursome. Les deux équipes sont malheureusement demeurées très collées sur le thème en jouant sur les sous-entendus et les doubles-sens. Dans les deux cas, les impros ont vite plafonné, l’idée de base ne permettant pas d’aller bien loin dans une impro de pourtant quatre minutes. La rose des sables, à la manière des Mille et une nuits, a été beaucoup plus intéressante. Pour cette comparée, le public a eu droit à deux propositions totalement différentes. Du côté des Bleus, François-Étienne Paré s’est fait le narrateur d’un conte, chants berbères à l’appui, racontant comment une femme avait autrefois changé la face du désert en l’arrosant de ses pleurs. Quand la femme n’a plus eu de larmes, on l’a abattue… Avec les Rouges, on a voyagé du côté d’un souk de Marrakech. Cette fois l’histoire tournait autour d’un bijou qu’un vendeur (convaincant Simon Boudreault) tentait de vendre à une touriste. « Ce bijou, il est à toi. Tu l’achètes, il est à toi. » Faisant preuve d’une belle habileté et d’une bonne écoute, l’équipe des Rouges a imbriqué les histoires dans les histoires en remontant le fil des propriétaires du dit bijou, jusqu’à un mystérieux djinn. Malgré la générosité de l’arbitre Simon Rousseau, qui a laissé l’impro filer un peu plus longtemps que le chrono attribué, on n’a pas pu connaître le fin mot de cette histoire… Avec cette impro qui terminait la période, les Rouges ont pu conforter leur petite avance.

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Réal Bossé en chanteur berbère (photo Daphné Bathalon)

Après une première période où les deux équipes ont joué de prudence, il restait à espérer qu’elles montrent un peu plus de mordant en deuxième! Une première mixte de six minutes aurait pu leur donner tout l’espace et le temps nécessaires pour ce faire, mais les joueurs se sont enferrés dans le thème plutôt obscure Les émanations sulfureuses de l’essence à ski-doo. Le couple formé par Lelouis Courchesne et Joëlle Paré-Beaulieu s’est non seulement perdu dans les bois, mais a paru aussi se perdre dans ses idées. Les autres joueurs ne sont venus qu’ajouter à la confusion générale en sautant sur la glace, ce qui a finalement valu aux deux équipes une pénalité de confusion, qu’elles n’ont pas même remise en question.

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Réal Bossé et Florence Longpré jouent les clowns (photo Daphné Bathalon)

La très courte mixte de 30 secondes qui a suivi, Le larcin, n’a pas élevé le niveau. Heureusement, la comparée de cinq minutes Pandemonium a redressé la barre de cette deuxième période. Chez les Rouges, Anne-Élisabeth Bossé et Lelouis Courchesne se sont eux-mêmes imposé un style chanté pour raconter une étrange fin du monde dans une impro qui surfait joyeusement sur les clichés du genre : zombies, tremblements de terre, base militaire et fille en détresse. Les Bleus ont pour leur part sorti le grand jeu pour prendre le contrôle du match. Leur improvisation polyphonique a dressé le portrait de plusieurs damnés, du violeur à l’assassin en passant par la tueuse d’animaux et la mère infanticide. L’audace a payé pour les Bleus qui ont remporté l’impro!

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Simon Boudreault et Réal Bossé en héros japonais (photo Daphné Bathalon)

La période s’est terminée avec une improvisation déjantée, Bisbille au pays des Byakhees, à la manière des bandes dessinées japonaises. Menée par Réal Bossé et Simon Boudreault, visiblement en grande forme, l’impro nous a fait revisiter l’univers des mangas dans une série d’événements de plus en plus absurdes, qui n’ont pas eu l’heur de plaire à l’arbitre. En collant une nouvelle pénalité de confusion aux deux équipes, l’arbitre a aussi servi un avertissement : plus de précision dans les propositions SVP. À tout le moins, l’impro a paru réveiller le public!

En troisième période, les joueurs ont continué d’explorer les univers en nous offrant notamment un grand drame sportif, La gauche divine. Plutôt surprenant quand la catégorie imposait un style à la Garcia Marquez… La mixte de neuf minutes remportée par les Bleus a placé au centre de l’histoire une jeune femme (Anne-Élisabeth Bossé) déterminée à mener une carrière de boxeuse contre l’avis de son père. La courte mixte L’avant-dernière cigarette a plutôt éteint ce bon début de période, heureusement relancée par l’excellente mixte Mon fils, où Anne-Élisabeth Bossé et Virginie Fortin ont rivalisé de bitcheries au sujet de leur famille respective. La réplique « J’essaie de t’aimer, mais je t’haïs » résume bien l’impro… entachée par une pénalité de manque d’écoute à la joueuse Bossé. Une petite erreur de prénom qui a hélas coûté cher à son équipe qui, cumulant déjà deux pénalités, a dû accorder un point à ses adversaires. Égalité. Poursuivant son irrésistible remontée, l’équipe des Bleus s’est emparé du dernier point avec la comparée Litanies en mettant en scène un département des plaintes monopolisé par une cliente en verve (Joëlle Paré-Beaulieu). Score final: 7 à 6 pour les Bleus. Les Rouges n’auront pas eu le temps de ruminer leur défaite bien longtemps puisqu’ils remontaient sur le ring dès le lendemain.

Les étoiles du match
Première étoile : Réal Bossé
Deuxième étoile : Anne-Élisabeth Bossé
Troisième étoile : Lelouis Courchesne

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Lelouis Courchesne en méchant sournois (photo Daphné Bathalon)
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