Petits Bonheurs : des sons pour nous bercer
Par Daphné Bathalon
MonTheatre couvrira quelques spectacles du festival Petits Bonheurs. Voici la première critique de Veillée douce
La veillée douce à laquelle nous convie l’événement culturel Petits Bonheurs est aussi belle pour les yeux que magique pour les oreilles des petits, à partir de 10 mois.
Veillée douce, de la compagnie française EnsembleFa7, nous emporte au rythme des mots et des notes dans un fascinant voyage sonore. D’abord au son de la clarinette (Sylvain Frydman), de ses pirouettes, de ses couacs et de ses envolées flûtées, ensuite au rythme de la poésie des mots qui, comme le vent, soufflent, sifflent et parfois s’essoufflent. Puis, les mots et les notes s’avalent les uns les autres ou se mélangent joyeusement pour mieux virevolter. Dans la bouche de notre ami poète (Patrice Bornand), le canapé se fait panaké… capané… pacané… le canapé lui échappe et se métamorphose ainsi, au grand plaisir des petits. Si « le poisson sans souci » peut devenir « le saucisson sans poids », après tout, tout est possible. Allitérations, assonances, rimes, tout y passe! On sourit à la poésie de Robert Desnos, de Boby Lapointe, de Maurice Pons, de Paul Valéry…
Entre trois murs de toiles aux volutes cotonneuses, de drôles de lampes poussent au milieu du décor, pointant leurs abat-jour dans toutes les directions. Dans cet environnement aux teintes blanche et crème apaisantes, le public est aussi bercé par la lumière qui s’adapte délicatement aux mots et à la musique. Rien ne brusque ni ne choque, et les tout-petits se retrouvent en un instant enveloppés au cœur de ce petit nid douillet.
Veillée douce offre les mots en bouquet: des ronds, des longs, des courts, des joufflus, des tordus, des mots en tire-bouchon ou droits comme un trait de crayon. Guidés par leur sonorité et par leur manière de résonner avec la musique, les créateurs du spectacle ne se sont visiblement pas limités dans le choix des mots, sous prétexte que les petits pourraient ne pas en comprendre certains. Ici, comme dans la vie, c’est un apprentissage, et il est ludique, poétique et musical. Il ne nous reste qu’à cueillir ces sons, ces mots au vol pour mieux les déguster.