par David Lefebvre

JOUR 2 de la 6e édition du festival Québec en toutes lettres : deux activités au programme, le déambulatoire Volatil et la visite de la toute nouvelle et unique Maison de la littérature.

Station Roman
Station Roman

Mis en scène par Nancy Bernier, qui avait signé lors d’une précédente édition l’un des arrêts d’Où tu vas quand tu dors en marchant ?, le parcours Volatil a attiré plusieurs centaines de personnes en ce vendredi soir, malgré la pluie froide d’octobre. Le trajet culturel était composé de sept stations : la chanson (dans les jardins de l’Hôtel-de-Ville), avec Paule-Andrée Cassidy, Marième, Claude Bégin, Karim Ouellet, Alaclair Ensemble ; le roman (rue Sainte-Anne), avec les mots de Chrystine Brouillet, Louise Dupré, François Blais et Francine Ruel ; le livre jeunesse (dans les jardins de l’Église St-Andrews) qui mettait en vedette les écrits de Johanne Laframboise ; la poésie (devant le Morrin Centre), où l’on pouvait admirer le travail en direct des poètes Erika Soucy, Catherine Lalonde, Catherine Dorion, Alexandre Dostie, Fabrice Masson-Goulet et Marc-Antoine K. Phaneuf ; la bande dessinée (sur la façade de la Maison de la littérature), grâce aux traits d’Estelle Bachelard (Bach), Joel Sim, André « Gag » Gagnon, Serge Gaboury, Catherine Lemieux et Paul Bordeleau ; le scénario (rue Saint-Stanislas), où l’on pouvait voir des extraits de films de Robert Lepage (vidéaste : Marilyn Laflamme) et l’essai  (dans la pente de la rue Saint-Stanislas), avec les essayistes Normand Baillargeon, Léa Clermont-Dion et Gabriel Nadeau-Dubois.

Si l’idée, sur papier, s’avérait alléchante, en réalité, nous avions affaire davantage à de fausses bonnes idées, et ce, tout au long du parcours.

Les prochains commentaires n’impliquent que le rédacteur et sa visite du vendredi soir : il se peut que plusieurs détails aient été corrigés ou de nouvelles activités aient été ajoutées pour le déambulatoire du lendemain.

Station Poésie
Station Poésie

Tout d’abord, commencer avec la musique pouvait aller de soi : joyeuse, festive, la station donnait le ton, mais elle avait beaucoup plus de charme et d’effet rassembleur en point d’arrivée plutôt que de départ. Les mots des chansons, projetés en animation sur le mur de l’hôtel de ville, donnaient beaucoup de dynamisme à l’endroit. Ensuite – d’ailleurs, profitons-en pour remercier l’équipe du festival et les bénévoles qui ont répondu aux nombreuses questions des festivaliers et les ont guidés, car les indications étaient totalement absentes du secteur – on devait prendre le chemin vers les jardins de l’Église St-Andrews. Au coin de la rue Ste-Anne, quelques comédiens faisaient une lecture animée d’un roman ; si l’activité était plutôt intéressante, elle tombait vite à plat, n’ayant aucun moyen de trouver de quel roman il s’agissait – au moins l’auteur était identifié. Rendus dans les jardins, les déambulateurs étaient confrontés à un environnement cacophonique : d’une part, deux comédiens jouant le récit jeunesse, de l’autre, on faisait la lecture, avec beaucoup d’ardeur, de poésie « en direct ». La station poésie, ayant un meilleur système de son et une réverbération à toute épreuve, gagnait l’intérêt des spectateurs à coup sûr, au détriment du jeunesse. Les poètes, assis devant un ordinateur, tapaient leur composition qui était retransmise sur des écrans devant eux. D’autres comédiens en faisaient alors la lecture de manière aléatoire ; on perdait facilement le fil, à moins de lire nous aussi au fur et à mesure.

Maison de la littérature

Impossible de résister : en passant tout près de la Maison de la littérature pour se diriger vers les dernières stations, on y entre, solennellement. Découvrir les lieux fut un enchantement : blanche, épurée, mais audacieuse, la Maison offre une ouverture unique sur la littérature d’ici. Au sous-sol, une petite scène très moderne donnait l’occasion d’entendre un trio énergique. Un endroit qui deviendra un incontournable du Vieux-Québec, autant pour ses résidents que pour les gens de passage. Fait à noter, la Shop à bulles s’est installé dans des locaux de la Maison de la littérature, et a comme mandat d’animer l’endroit – pour les amateurs de BD, c’est un rendez-vous à ne pas manquer !

Station BD - au dessin, Gaboury
Station BD – au dessin, Gaboury

En sortant de la nouvelle structure du bâtiment, on tombe sur la station la plus réussie du circuit, celle de la bande dessinée. Les fenêtres, qui font office de cases, permettent aux dessinateurs et aux auteurs de rivaliser d’ingéniosité pour les remplir et former une histoire. Derrière, dans une petite cour vide, étaient projetés quelques extraits de films de Robert Lepage, dont et La face cachée de la lune, pour la station Scénario. Notre plaisir se voyait totalement érodé, notamment à cause du manque flagrant d’information et de la qualité de la projection, trop sombre. On aurait apprécié, par exemple, des comparaisons entre le scénario et le rendu final, sur pancarte ou à l’écran.

Le déambulatoire se concluait avec l’essai : quelques échafaudages que quelques personnes escaladaient ou descendaient, et les écrits enregistrés, lus par quelques comédiens, dont Émilie Bibeau. Une finale visuellement intéressante, voire intrigante, mais qui manquait de punch pour bien terminer le parcours – à moins d’avoir eu l’idée d’avoir commencé le trajet par cette station.

JOUR 4

Conviés à l’intérieur de la Petite scène de la Bibliothèque Gabrielle-Roy pour la première de Cases et possibles, les festivaliers ont pu apprécier le travail d’Alex Carou et Catherine Lemieux au dessin, d’Emmanuel Bédard et Jessica Ruel-Thériault à la lecture et de Nicolas Jobin à l’ambiance musicale, pour un spectacle d’une heure mettant en valeur l’écriture de quelques invités de marque du festival, dont entre autres Margaret Atwood, Russel Banks, Dany Laferrière et Yann Martel.

en répétition
en répétition

Cases et possibles, dans une mise en lecture sobre de Vincent Champoux, réunissait le meilleur de ce que Parenthèses 9 présente depuis quelques années – les habitués des activités de l’organisme se voyaient donc comblés. Les extraits lus sont nombreux : on passe du discours du président de PEN International, John Saul, prononcé après les attentats de Charlie Hebdo, à Le derniers des hommes raisonnables d’Atwood, d’American Darling de Banks aux 101 lettres que Yann Martel a envoyées au premier ministre du Canada ou encore à L’énigme du retour de Dany Laferrière. Les choix des extraits collent parfaitement avec le thème du festival de cette année, soit Liberté de création, liberté d’expression ; on nage à travers les conflits, les conspirations, les prises de parole et de conscience. Par contre, l’homogénéité des extraits ne permettait pas de faire ressortir l’unicité de la parole des auteurs. On aurait aimé être happé par une phrase, une pensée ; on flotte d’un récit à l’autre, appréciant davantage une généralité qu’une individualité littéraire. Grâce à la beauté du timbre de leurs voix, Emmanuel Bédard et de Jessica Ruel-Thériault offrent une merveilleuse lecture.

Au dessin, projeté sur un écran géant juste derrière les lecteurs, Alex Carou et Catherine Lemieux rivalisent d’originalité : ici, un trait abstrait, aléatoire et constant devient un visage à force de reprendre les mêmes chemins ; là, une reproduction d’un visage à l’aquarelle est plongée dans un bac d’eau que quelques gouttes de peinture viennent brouiller ; là encore, une ville haïtienne se dresse, bâtiment par bâtiment ; ici, l’utilisation originale d’un cahier d’école permet l’un des moments les plus interactifs de l’activité.

Musicalement impeccable, la trame sonore concoctée par Nicolas Jobin se veut discrète, tout en accompagnant parfaitement chacune des lectures.

Et la bonne nouvelle, c’est que l’activité est gratuite et sera reprise dans plusieurs bibliothèques de la ville dès mardi prochain :
13 octobre 18h – Maison de la littérature, scène littéraire, 40, rue Saint-Stanislas
14 octobre 19h – Bibliothèque Paul-Aimé-Paiement, 7950, 1ere avenue
15 octobre 19h – Bibliothèque Aliette-Marchand, 243, boulevard Pierre-Bertrand
16 octobre 19h – Bibliothèque de Neufchâtel, 4060, rue Blain
17 octobre 14h – Bibliothèque Monique-Corriveau, 1100, route de l’Église
18 octobre 11h – Bibliothèque Étienne-Parent, 3515, rue Clemenceau

Bon festival !

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