(CRITIQUE) Festival Petits Bonheurs, deuxième partie

Festival printanier pour les tout-petits de 0 à 6 ans, Petits Bonheurs «rend l’art accessiblepar la diffusion de spectacles et d’ateliers de qualité professionnelle». En ce mois de mai 2017, plusieurs spectacles sont présentés à Montréal. Notre collègue Olivier Dumas est de la partie et couvrira pour MonTheatre plusieurs événements.

DEUXIÈME PARTIE

Les Bros

Lundi matin au Collège de Maisonneuve, la compagnie Les Foutoukours s’éclate dans une production allumée pour les spectateurs de cinq ans et plus. Pendant environ une heure, nous entrons dans l’univers de deux clowns qui parcourent le monde avec une charrette. À chacune de leur escale, la même interrogation revient, soit de trouver la meilleure place pour s’arrêter. Les deux protagonistes connaissent bien des journées rocambolesques. Malgré certains instants de doute, ils profitent du moment présent et du hasard, toujours en quête de sensations enivrantes.

Le tandem est constitué de deux artistes polyvalents, et codirecteurs de la compagnie, Rémi Jacques et Jean-Félix Bélanger. Pour amuser l’auditoire, il joue grandement sur ses différences physiques (la taille de l’un dépasse beaucoup celle de l’autre). Dès les premières secondes, nous voyons l’un des deux s’avançant sur le plateau avec une lumière rouge en poussant leur moyen de transport. Son partenaire dort sur un énorme cube de bois où se logent toutes leurs possessions. Tout de suite après, Bélanger effectue un numéro de jonglerie, où un diabolo glisse sur une ficelle retenue par deux baguettes. Les deux complices se permettent également d’habiles jeux de main à main, comme lorsque l’un des deux se retrouve de manière symétrique au-dessus du corps de l’autre. Par ailleurs, bien qu’aucune parole ne soit prononcée durant la représentation, les deux clowns en disent tout même beaucoup par des sons, et parfois avec un seul mot.

L’une des séquences les plus loufoques et intéressantes demeure celle où le duo se retrouve comme par enchantement dans un bateau sur une mer déchaînée. Avec seulement des mouvements athlétiques de danse et un bout de tissu, les créateurs réussissent à simuler parfaitement une personne qui tombe dans l’eau et qui tente de nager pour sa survie avant d’être secourue par son fidèle allié.

La conception sonore des Bros apporte grandement à l’ensemble. Elle reprend les effets de fanfare souvent présents dans les fêtes foraines d’antan. Nos oreilles entendent un extrait du célèbre Singin’ in the rain (avec la voix de Gene Kelly et un parapluie qui s’ouvre sur le plateau), quelques touches mélancoliques et même une allusion rigolote à la Berceuse de Johannes Brahms.

À la fin du périple, les applaudissements chaleureux laissent espérer d’autres rendez-vous aussi pétillants avec les deux interprètes des Foutoukours.

Les Bros, crédit photo André Chevrier

Tommelise

Mardi matin sous les nuages à la Maison de la culture Maisonneuve, L’Illusion, Théâtre de marionnettes propose une toute nouvelle œuvre, créée tout récemment. La production d’environ 35 minutes s’avère un moment de douceur et d’enchantement.

Avant de se rendre dans le «lieu» de la représentation, un gentil monsieur prénommé Louis-Charles nous rencontre dans une salle d’exposition un étage plus haut. Par la suite, la pièce s’amorce dans une atmosphère enveloppante. Nous voyons au centre, dans l’espace de jeu, un décor constitué de draps retenus sur des structures ressemblant à celles de tentes. Côté cour se trouvent les instruments de musique dont Maryse Poulin laisse émerger des notes du début à la fin. Deux autres artistes sont aussi présentes, soit la comédienne Sabrina Baran (l’instigatrice du projet, l’auteure du texte et la metteure en scène) et la danseuse Lila-Mae G. Talbot (responsable des chorégraphies).

Le spectacle conjugue les disciplines de la marionnette, du théâtre, de la danse et de la musique. Il raconte l’histoire d’une charmante petite fille, la Tommelise du titre, qui naît d’une fleur et qui apprend à affronter les péripéties surgissant sur sa route grâce à son courage.

Dans l’esprit des réalisations antérieures de la compagnie comme Pain d’épice ou Histoire à dormir deboutTommelise préconise une approche artisanale dans un esprit de découverte. Dès les premières secondes, l’action se déroule sous d’intéressants jeux d’ombre et des effets mélodiques  très réussis. Un air de flûte à bec se fait entendre, créant un climat feutré qui semble plaire aux tout-petits, concentrés et attentifs.

Les différents éléments apportent des couleurs variées à l’ensemble. L’ombre d’une étrange créature, sorte de croisement entre une tortue et une grenouille, suscite d’abord la crainte avant de se laisser apprivoiser par l’héroïne. Sur pointe, Talbot exécute des pas de ballerine, et revêt même, à un moment précis, des ailes géantes de papillon. De sa voix chaleureuse, Baran accompagne le récit. L’enveloppe sonore, conçue en grande partie en direct, entraîne un sentiment de peur avec le pincement des cordes d’un violon, pique la curiosité lors des bruits de chants d’oiseaux ou encore dévoile quelques touches d’humour grâce à un air de ukulélé.

Un parcours charmant comme celui de Tommelise ne manquera pas de rencontres pour les prochaines saisons.

Tommelise, crédit photo Josée Bergeron-Proulx
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