LNI – Coupe Charade 2019 : Se tailler une place en finale
par Daphné Bathalon
C’était journée de demi-finales au Club Soda dimanche 5 mai alors que les Rouges affrontaient les Bleus en après-midi et que les Jaunes se frottaient aux Oranges en soirée. Deux demi-finales relevées au cours desquelles les entraîneurs et entraîneuses ont dû sortir leurs meilleurs atouts pour gagner, de haute lutte, leur place en finale.
Les Rouges de Jean-Philippe Durand, premiers au classement en saison régulière, s’amenaient confiants sur scène malgré le remplacement de leur joueuse étoile Marie-Ève Morency. C’est Anne-Marie Binette, dont il s’agissait du 3e match en carrière à la LNI, qui a eu la délicate tâche de prendre la relève de la polyvalente comédienne. Du côté des Bleus de l’entraîneuse recrue Geneviève Albert, deuxièmes au classement, la fébrilité paraissait également bien canalisée, surtout chez les deux vétérans Sophie Caron et Réal Bossé, cumulant chacun plus de 1000 impros jouées en carrière.
L’hymne, interprétée avec voix et cœur par la talentueuse Kathleen Fortin, a ouvert cette demi-finale sur une excellente note. La même énergie a paru se transmettre aux joueurs des deux équipes qui ont eu l’occasion de se réchauffer de belle manière avec une première mixte de 9 minutes; un beau cadeau à faire au public d’entrée de jeu!
Les entraîneurs ont choisi d’envoyer leurs piliers pour casser la glace, Jean-François Aubé pour les Rouges et Réal Bossé pour les Bleus. Dans Gloire et audace, ils nous ont entraînés en banlieue, où un fils de motards cherchait à s’imposer sur le terrain d’un comptable pour y faire pousser du pot. Les joueurs d’expérience ont vraiment pris le temps de poser les bases de leur histoire et de leurs personnages avant de faire progresser l’intrigue, relancée ensuite par Pier-Luc Funk (Rouges) en voisin malchanceux et Mathieu Lepage en policier plutôt accommodant… On a ressenti beaucoup d’écoute de part et d’autre et une volonté de raconter une histoire. Ça promettait pour la suite du match! Point Rouges.
La deuxième impro, la comparée de 10 minutes Tais-toi, je t’en prie, s’est révélée tout aussi réjouissante. Les équipes ont livré deux propositions complètement différentes sur le thème de l’exaspération et de la fatigue. Chez les Rouges, Funk a joué le jeune père dépassé par les pleurs de son bébé alors que sa blonde prenait une petite pause pour se ressourcer au spa. Chez les Bleus, Sophie Caron a déblatéré sans interruption pendant les 10 minutes de l’improvisation en incarnant une femme incapable d’arrêter de parler, même lors de son propre mariage, à la grande irritation de son entourage! Toute l’équipe s’est mise à son service en interprétant une succession de personnages contraints de l’écouter. Le public a marqué son appréciation par un raz-de-marée de cartons bleus.
La mixte Luchador Love Lesson a ouvert la deuxième période en offrant un festival d’accents dans un duel mexicain des plus mortels. Les joueurs Bossé et Funk s’en sont donné à coeur joie dans cette impro très physique où l’amour et la mort ont dansé collé-collé. L’interprétation investie de Funk aura permis à son équipe d’empocher le point. Autre belle impro de la période, la chantée Délicat a mis de l’avant deux joueuses. Amélie Geoffroy chez les Rouges a chanté sur un air d’opérette pour se plaindre de sa femme de ménage qui ne comprend pas les cycles de lavage et en venir à souhaiter la tuer… au cycle délicat. La joueuse bleue Sophie Thibault s’est quant à elle lancée sur un death metal tout ce qu’il n’y avait pas de délicat, faisant beaucoup rire les spectateurs. Si l’arsenal de grimaces déployées avait de quoi impressionner, les paroles de la chanson laissaient une impression de facilité. D’ailleurs c’est à Geoffroy qu’est allé le point, par comptage. Les deux dernières impros de la période, la mixte Le serpent bleu et la comparée des Rouges À cet effet (que les Bleus ont joué en début de troisième période par manque de temps) ont été les plus faibles du match, avec des histoires qui ont mis du temps à décoller et ont fini par tourner en rond. La proposition des Bleus pour À cet effet a remis le match bien en selle : Réal Bossé et Sophie Caron ont offert une touchante scène père-fille qui leur ont fait égaliser la marque 3-3.
Malgré l’attribution de la première pénalité de cette demi-finale, la mixte sans paroles Masculiniste de base a été un terrain de jeu idéal pour Funk, Bossé et Lepage, qui ont déplacé l’action devant les urinoirs. Point Bleus. La lancée des Bleus s’est néanmoins butée à la solidité de l’improvisateur d’expérience et capitaine des Rouges dans L’heure de Gunter; Jean-François Aubé a mené la mixte de 12 minutes avant de passer la rondelle à Funk. L’intrigue en elle-même, celle d’une riche famille dont le patriarche souhaite se débarrasser d’une bonne devenue inutile puisque les enfants ont quitté le nid, ne s’est cependant pas particulièrement démarquée par son originalité ou son exécution. Elle a d’ailleurs été marquée par une pénalité de confusion aux deux équipes, ce qui aurait pu mettre les Bleus en posture délicate s’ils avaient reçu une troisième pénalité…
Heureusement, la dernière impro s’est très bien déroulée! Dans Lettre à un enfant jamais né, on a enfin exploré les émotions grâce au couple en instance de séparation interprété par Mathieu Lepage et Amélie Geoffroy. Les échanges ont été à fleur de peau tout au long des 4 minutes de l’improvisation, et le public n’a pas eu la tâche facile pour trancher entre les deux joueurs! Le point remporté par les Rouges reflétait probablement davantage l’envie du public de voir cette équipe passer en finale que la préférence pour l’un ou l’autre personnage. Score finale : 5 à 4 pour les Rouges de Jean-Philippe Durand.
En soirée, les Jaunes ont eu le dessus sur les Oranges lors d’un match plus combatif, qui s’est poursuivi en prolongation et s’est terminé par un comptage serré. Ce sont donc les deux équipes en tête de classement en saison régulière, et celles, d’ailleurs qui lançaient la saison en février dernier, qui se retrouveront en finale le lundi 13 mai.
Étoiles de la rencontre
Antidote: Jean-François Aubé
Rouges: Amélie Geoffroy
Bleus: Réal Bossé