Montréal Complètement Cirque – Et la couleur fut
par Daphné Bathalon
C’est en douceur que s’amorce le surprenant Spring, spectacle mêlant jonglerie, danse contemporaine et jeux d’ombres offert par la compagnie anglaise Gandini Juggling au festival Montréal Complètement Cirque.
La compagnie, qui nous avait déjà séduits en 2013 avec Smashed et ses numéros de jonglerie avec des pommes, parvient encore une fois à nous charmer au détour de sa poésie visuelle colorée et de son humour bien britannique. Il faut cependant de longues minutes d’un ballet monochrome, entrecoupé de saynètes plus ou moins réussies, pour capter l’intérêt du public et encore plus pour que la fascination prenne le dessus. Mais quand la magie opère, plus moyen de détacher les yeux de la scène de la TOHU, des danseurs et des jongleurs.
Car il y a quelque chose d’hypnotique dans ce tableau coloré orchestré par le metteur en scène Sean Gandini et le chorégraphe Alexander Whitley, dans le mouvement de ces anneaux blancs qui laissent peu à peu apparaître leurs couleurs entre les mains des jongleurs. D’abord un à la fois, puis plusieurs en même temps, en alternant les couleurs, primaires puis secondaires jusqu’à une explosion finale de nuances colorées. Le tout dans un rythme parfaitement synchronisé entre la musique, la danse et la jonglerie. Une performance de haute précision!
Le talentueux jongleur américain Wes Peden s’attire, avec raison, les applaudissements les plus nourris. L’artiste, qui se joint à la troupe pour le spectacle, maîtrise son art et ses solos, qui relève d’un solide niveau de difficulté technique, sont à couper le souffle.
Autrement, c’est davantage par la cohésion de la proposition que Spring surprend et plaît. Les jeux d’ombres en arrière-scène, en multipliant les silhouettes des artistes, créent de véritables tableaux parallèles aux corps en mouvement. Les couleurs vives des éclairages, des anneaux et des costumes, et les mille et une manières dont elles surgissent et disparaissent réveillent en nous un pur bonheur enfantin. Pour lier le tout, les chorégraphies impeccables de Whitley achèvent d’élever le spectacle au-delà de l’impression de redondance ressentie en première partie.
On a la chance au Québec de voir de nombreux spectacles de cirque qui ne misent pas tout sur la performance, mais aussi beaucoup sur l’émotion et la poésie des images. La production britannique Spring s’inscrit dans cette lignée. Malgré un fil conducteur ténu et un effet de répétition qui lasse par moments, le spectacle trouve moyen de marier joyeusement danse et jonglerie dans un débordement de couleurs qui ne peut que faire sourire.