Mademoiselle Julie : Quand l’intensité mène la danse, la tragédie séduit

Après deux ans d’attentes, pandémie oblige, le Rideau Vert accueille enfin Mademoiselle Julie sur sa scène. Si sa version en radiothéâtre diffusée en mars 2020 avait connu un certain succès auprès des auditeurs, cette version scénique adaptée et mise en scène par Serge Denoncourt mérite certainement d’être appréciée en salle. Portée par une Magalie Lépine-Blondeau des plus flamboyantes qui donne la réplique à un David Boutin dans la peau d’un valet impitoyable, la tragédie d’August Strindberg gagne en intensité. Au foudroyant duo se greffe une Kim Despatis qui offre une performance tout en contrôle. Le public assiste à un spectacle où le désir et la raison s’affrontent dans une lutte opposant l’aristocratie au peuple ridiculement sans issue, mais dont l’émoi qu’elle provoque ne peut laisser indifférent.

Au sommet de la montagne : là où histoire et fiction se croisent

Marquant la réouverture du Théâtre Duceppe après sa fermeture en décembre dernier, Au sommet de la montagne, première version québécoise jamais présentée de la pièce originale The Montaintop écrite par la dramaturge américaine Katori Hall et traduite de l’anglais en québécois par Edith Kabuya, se veut une fiction relatant les dernières heures de la vie de Martin Luther King. Porté à la scène par Didier Lucien, incarnant le célèbre personnage historique, et Sharon James, la mystérieuse femme de chambre qui lui sert de compagnie, le spectacle mis en scène par Catherine Vidal prend place dans la chambre d’hôtel 306, la nuit du 3 avril 1968, à Memphis, où le pasteur King s’affaire à préparer son prochain discours qu’il ne pourra malheureusement jamais livrer.

Entre dumplings et musique : un réalisme qui rend nostalgique

Présentée pour la première fois sur scène à la Licorne en 2017, la création de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar L’amour est un dumpling revient en format « Vidéo Sur Demande » (VSD) sous la réalisation de Stéphane Laporte avec un épilogue en prime. Pour les besoins de la captation, la scène du Théâtre Duceppe est transformée en salle à manger d’un restaurant asiatique où de vrais dumplings sont servis par une énigmatique propriétaire. Toujours secrètement amoureux l’un de l’autre, Claudia et Marc s’y retrouvent, le temps d’un repas, après des années sans s’être parlé. À travers leur échange où l’humour et le drame s’entrecroisent tout en étant entrecoupés de moments musicaux, ils se rappellent leur insouciante jeunesse, leurs rêves abandonnés et évoquent leur désir de fuir leur vie désormais remplie de responsabilités.

Manuel de la vie sauvage : la captation au service des leçons

Adaptée du roman homonyme de Jean-Philippe Baril Guérard, auteur qui signe aussi l’adaptation du texte pour la scène, la pièce Manuel de la vie sauvage avait été présentée au Théâtre Duceppe, devant public, à l’automne dernier. Grâce à la collaboration de la réalisatrice Anne Émond, le spectacle originalement mis en scène par Jean-Simon Traversy fait maintenant l’objet d’une captation cinématographique disponible à l’achat depuis le 6 janvier en format « Vidéo Sur Demande » (VSD). Se présentant davantage comme un long-métrage où les interprètes sont filmés de près malgré un côté théâtral suggéré par la scène qui fait office de plateau et le bris du quatrième mur à plusieurs reprises, ce divertissement permet au public de découvrir ou redécouvrir cette œuvre dans une toute nouvelle formule.

Rose et la machine : un parcours éprouvant, un discours émouvant

Après la présentation de la pièce de théâtre documentaire Tout inclus qui informait sur le quotidien des personnes âgées résidant en RPA, voilà que la compagnie Porte Parole revient au Théâtre Duceppe avec Rose et la machine, nouvelle production de même type écrit par l’autrice et comédienne Maude Laurendeau. Faisant état de sa véritable expérience à titre de maman d’un enfant ayant reçu un diagnostic de Trouble du Spectre de l’Autisme (TSA) en bas âge, elle aborde la complexité d’intégrer une jeune personne neuroatypique au sein d’une société dont le fonctionnement est basé sur une perception «neurotypique» du monde.

Entre rires et réflexion : les « vieux » méritent de l’attention

Résultant d’une collaboration entre les compagnies de théâtre Porte Parole, Un et un font mille et Nous sommes ici, la pièce de théâtre documentaire Tout inclus se présente comme la version intégrale d’une production dont la première moitié fut créée à La Licorne en 2019. Divisé en huit chapitres distincts, la version du spectacle actuellement à l’affiche chez Duceppe propose quatre premiers chapitres où le comédien et auteur François Grisé, en se personnifiant lui-même, raconte son immersion volontaire d’un mois au sein de la résidence privée pour ainés Les Jardins du Patrimoine de Val-d’Or. S’en suivent, alors, quatre derniers chapitres dans lesquels l’artiste multidisciplinaire s’ouvre sur les réflexions qu’a engendrée son expérience qui l'ont mené à la concrétisation d’une création d’une durée approximative de 3h30 incluant un entracte.