par Daphné Bathalon

Vy-Credit-Jeanne-Bidlot
Photo : Jeanne Bidlot

Vy, c’est ce qui est tout petit, comme l’héroïne de l’histoire qui nous est contée avec beaucoup d’amour. C’est aussi l’enfance en nous, parfois fragile, souvent têtue, et qui refuse de grandir. Le spectacle solo présenté par l’auteure et interprète Michèle Nguyen au Petit Outremont les 20, 21 et 22 octobre possède une musique par laquelle on se laisse bercer avec grand plaisir.

Le souffle des mots de l’auteure crée tout doucement le décor de l’enfance racontée : l’école de danse et les notes de piano qui s’en échappent par une fenêtre, le chant de l’oiseau dans sa cage chez la généreuse voisine, le silence pesant de la grand-mère, ses secrets, ses règles, ses mots durs… Vy est un poème dansé, sans artifices, avec pour seule compagne une poupée délicate. Chaque geste de la comédienne guide la frêle Vy et ses confidences, tandis que l’enfant s’ouvre peu à peu à nous. Et en quelques mots et accents, on imagine les personnages qui peuplent l’univers de la fillette, du petit frère à la grand-mère, que Vy a longtemps cru s’appeler « L’Arrache-ailes », en passant par le charmant fils de la voisine, les docteurs et la professeure de piano.

Vy, avec sa drôle de démarche en canard, ses cheveux « coupés très courts » et son grand besoin d’amour touche les coeurs en un instant et les conquiert totalement dès qu’elle entreprend d’expliquer d’où elle vient, avec son père vietnamien, perdu quelque part dans le monde, et sa mère belge, d’abord un peu à l’ouest avant de définitivement perdre le nord sur la grande carte du monde.

La mise en scène d’Alberto Garcia Sanchez s’efface avec sobriété derrière le travail d’équilibre de Michèle Nguyen. En interaction quasi constante, l’interprète et la marionnette fluette se complètent tout naturellement. L’une nous raconte l’histoire de Vy, tandis que l’autre la reprend, exige qu’on ajoute un détail ici et là, par de simples gestes, des bouderies, des câlins, quelques mouvements plus brusques aussi.

Tout comme Vy, qui prend le large par besoin de silence et de liberté, mais revient le coeur gonflé de courage, le public, charmé, a le sourire fendu jusqu’aux oreilles à la fin de ce récit d’enfance qui finit bien.

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