La 12e édition de Petits Bonheurs, festival qui se dédie aux créations jeune public, s’est ouverte le 5 mai dernier. Daphné Bathalon et Olivier Dumas assisteront à une quinzaine de spectacles  pour notre plus grand plaisir – et le leur!

Par Daphné Bathalon

L’un chante, l’autre danse, leurs deux univers iront à la rencontre l’un de l’autre, d’abord à tâtons, puis avec de plus en plus d’assurance et de rythme. Créé en 2014, Enchantés, de la compagnie française Le fil rouge, roule sa bosse depuis dans différents théâtres et festivals.

Crédit : Raoul Gilibert Productions Photographiques
Crédit : Raoul Gilibert Productions Photographiques

Sur la grande toile blanche qu’ils déroulent sur le sol, deux hommes (Jeff Benignus et Ivan Favier, qui cosignent le spectacle avec Eve Ledig, à la mise en scène) rejouent pour les tout-petits, et les adultes qui les accompagnent, les premiers instants de leur rencontre. C’est par un jeu de rythme corporel que les deux langages, celui du chant et celui de la danse, se rejoignent. Les claquements de mains sur le torse, les bras, les jambes, se répondent dans un jeu entraînant qui capte immédiatement l’intérêt du petit public, porté à les imiter dès les premières minutes. Au fil des échanges entre les deux personnes, l’univers blanc se pare de couleurs : le rouge, le bleu, le jaune, et les mélanges qui en découlent, au grand plaisir des enfants, qui s’amusent à suivre les tracés des yeux et à imaginer ce qu’ils représentent. Les deux personnages laissent immanquablement leurs traces au sol, mais aussi sur leurs propres corps, de la même façon que les relations que l’on tisse autour de soi finissent par nous marquer.

Dans Enchantés, la scène est plus que jamais un canevas où les sons, les mouvements et les couleurs racontent la découverte de l’autre et son apprivoisement. Il aurait été facile de verser dans l’explosion de couleurs, de peinture et de rythmes pour séduire avant tout, mais les créateurs en jouent sobrement, prenant le temps de tracer la relation d’amitié qui se noue entre les personnages, tant dans ses disputes que dans ses retrouvailles. Les personnages ne disent pas un mot, et pourtant, ils racontent leur histoire directement aux enfants, par les traits de pinceaux et de crayon, dans ce large soleil ou dans ces empreintes de mains et de pieds.

Placés de part et d’autre de l’espace, les tout-petits remuent, tapent des pieds et des mains, pour communiquer, eux aussi, avec les personnages. La danse des corps et des sons par les deux interprètes a quelque chose de fascinant, et on se surprend à plusieurs occasions à étirer le cou pour ne rien manquer de cette relation qui se dessine entre les deux. Pendant une trentaine de minutes, les jeunes spectateurs se montrent attentifs, suivent le moindre mouvement, s’exclament (« Il fait dodo! ») ou s’interrogent (« Jaune et bleu, ça fait quelle couleur? »). Leurs réactions, sonores et physiques viennent, avec beaucoup de naturel, s’inscrire sur la portée du spectacle.

Conçu à partir d’une série d’ateliers autour d’un théâtre musical et de danse, Enchantés explore avec douceur et un goût affirmé pour la couleur, la notion de l’autre, de sa rencontre et de l’échange.

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