Je suis mixte : un drôle de n’importe quoi

Je suis mixte : un drôle de n’importe quoi

Je suis mixte est d’abord l’histoire de François (Benoît Mauffette), propriétaire d’une entreprise de nettoyage de Drummondville, qui a une révélation soudaine sur le (non) sens de sa vie lors d’un voyage d’affaires à Berlin. La chaleur du sauna et l’effervescence des pistes de danse provoquent chez lui un conflit intérieur où s’entrechoquent tradition et désir d’une vie euphorisante. C’est aussi l’histoire de son oncle (Yves Jacques) qui rejoint son neveu loin du quotidien maison-travail-Costco afin d’assumer son homosexualité en toute liberté. Les deux comparses partagent leur histoire au public dans une performance artistique décousue, aux côtés de The Ghost, un musicien flegmatique à l’accent germanique (Navet Confit).

Difficile de saisir l’essence de cette pièce écrite et mise en scène par Mathieu Quesnel. Elle donne l’impression d’être fondée sur une improvisation, un assemblage d’idées et de projets pigés ici et là, auquel on a donné un sens a posteriori pour l’amener sur scène. Des plaisanteries initiales, on tombe de plus en plus profondément dans l’absurde. Le public est mis à contribution pour taper des mains et chantonner des refrains, et il faut le dire : ça rigolait et ça participait allègrement le soir de notre présence. Les acteurs ont certes du talent pour passer sans cesse d’un niveau de jeu à l’autre, mais les interruptions répétées de l’intrigue finissent aussi par être lassantes. Plusieurs échanges sont par ailleurs en anglais et il faut en avoir une connaissance de base pour pouvoir saisir toutes les blagues et péripéties.

La sobriété des décors donne à croire que le budget a été englouti par le voyage des protagonistes à Berlin. Alors que la projection sur écran montre des bribes de leurs errances et de leurs délires dans les rues berlinoises, la scène s’apparente quant à elle à un fond de vieille garde-robe. Différents objets sont disposés ici et là, utilisés pour agrémenter la performance sans nécessairement être d’un apport substantiel au récit. Idem pour les costumes qui ont presque une odeur de boules à mites. Le plus surprenant d’entre eux est cependant le plus simple appareil de ces messieurs, qu’ils n’hésiteront pas à arborer pendant plusieurs minutes en conservant tout de même une certaine pudeur stratégique.

On veut divertir le public, mais cherche-t-on aussi à le provoquer en l’entraînant sans censure dans cette épopée? Le fait est que la pièce provoque le rire, mais peu la réflexion. La quête personnelle sur l’identité et les préférences sexuelles est occultée par l’enchaînement des facéties. Seule exception : le touchant monologue de l’oncle lorsqu’il dévoile son homosexualité et son désir de vivre pleinement sa vie. Pour la première et unique fois, on croit vraiment à son désarroi.

Si Je suis mixte laisse d’abord présager une quête sur l’identité sexuelle, ce sont plutôt les sens connexes du mot « mixte » qui l’emportent : disparate, hétéroclite, éclectique… Ainsi, la pièce n’est pas mauvaise, ni particulièrement marquante non plus. C’est simplement un drôle de n’importe quoi, qui s’assume entièrement comme tel.

Source photo : page Facebook du Théâtre Périscope


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Calendrier

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Du 8 au 13 mars 2022

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