Cadeau : ce qui me reste de toi – Des mots présents

Cadeau : ce qui me reste de toi – Des mots présents

Les mots sont des objets, des parcours, des pensées, des émotions, des souvenirs… Ce sont des cadeaux précieux qui permettent de nommer et de comprendre le monde, de nourrir l’esprit, de communiquer, d’organiser la vie. Marcelle Dubois, autrice de la pièce, Cadeau : ce qui me reste de toi et directrice artistique du Festival du Jamais lu qui se consacre notamment à la promotion et à la diffusion de diverses pratiques d’écriture, ainsi que Véronique Côté, metteuse en scène qui se plaît à marier théâtre et littérature, sont des amoureuses de la langue. Et cet attachement inconditionnel au langage et à la parole exulte dans l’œuvre dramatique et scénique qu’elles ont créée expressément pour les enfants.

Sous la houlette du Théâtre des Confettis, la production s’adresse à un public de jeunes de 5 à 7 ans, soit à des petits du préscolaire et du premier cycle du primaire. Avec des termes parfois exotiques, parfois savants comme burek, kimchi, nébuleuse, pachyderme ou abajoue, la pièce propose une incursion finement orchestrée dans l’univers des mots. Ces mots prennent corps sur le plateau par le biais d’objets ludiques qui, souvent, rappellent aux personnages des moments privilégiés de leur passé. La mémoire est omniprésente dans ce poème dramaturgique ; les mots la gardent vivante. Ils offrent un havre de joie au garçon (Jean-Philippe Côté) et à la fille (Sarah Villeneuve-Desjardins), et leur permettent d’ériger une fondation sur laquelle façonner le futur.

Le bric-à-brac scénographique élaboré pour l’occasion par Erica Schmitz est le reflet tridimensionnel du texte où les idées sautent du coq à l’âne en l’espace de quelques phrases. Dès les premiers instants, le ton de la pièce est dévoilé. Les protagonistes entrent en scène et s’enfoncent dans des coussins moelleux, un livre à la main. Le garçon est posé et absorbé par sa lecture alors que la fille est espiègle et pétillante. Après avoir transformé son volume en éventail, puis en oiseau, elle décide de taquiner inlassablement son frère jusqu’à ce qu’il émerge de son bouquin. Ce manège attise le feu de la rigolade et vient rapidement capter l’attention des enfants qui, dans la salle, s’esclaffent devant les pitreries de la fille et les ripostes astucieuses du garçon. Puis les premiers cadeaux sont distribués et l’imaginaire s’envole. L’interprétation délicate des comédiens rend d’emblée ces personnages attachants.

Tout en douceur et en équilibre, la mise en scène donne corps aux multiples microcosmes que les protagonistes inventent par la parole. Elle trace une ligne directrice qui oriente cette combinaison hétéroclite. Une fois prononcés, les mots se métamorphosent en jouets. Ils se matérialisent, au plus grand bonheur des enfants, en une mascarade de situations drôles et touchantes. Certains moments se révèlent cependant moins heureux, comme lorsque le garçon reçoit un hamster pour son anniversaire. Le petit animal étant pratiquement invisible de la salle, cela rend l’écoute des jeunes spectateurs plus ténue.

L’environnement sonore de Josué Beaucage et les éclairages de Christian Fontaine ajoutent par ailleurs du relief à l’opulence des images générées par l’amalgame du texte et du jeu. La richesse du vocabulaire nourrit l’imaginaire et la façon dont cette matière s’anime étoffe l’intelligence. Le garçon et la fille naviguent sur une mer de mots qui leur rappellent tendrement ou amèrement leur famille et leurs amis. Les souvenirs, soyeux comme une patte de lapin ou acides comme des betteraves marinées, sculptent leur mémoire. Et la mémoire des gens et des choses que les personnages nomment permet au garçon de quitter la garderie, sans tristesse… et à la fille de se construire une maison où il fait bon vivre.

Crédit photo : Stéphane Bourgeois


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Calendrier

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Du 26 mars au 7 avril 2022

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