Kitchen Chicken : un antidote à la morosité
Kitchen Chicken : un antidote à la morosité
Après avoir été présentée pour la première fois à Québec dans le cadre du Mois Multi, en 2019, et avoir conquis, entre autres, Lyon, Vancouver, Toronto, Kingston, Montréal, Rimouski, sans oublier Saint-Casimir, la production Kitchen Chicken de L’orchestre d’hommes orchestres (L’ODHO) atterrit au Théâtre Périscope pour égayer le mois de décembre, semer de la joie, de l’éclat et de l’admiration en cette saison du temps des Fêtes. Les mots semblent tous trop faibles pour décrire l’explosion de bonheur que suscite la représentation. Pour rendre justice à la virtuosité vocale de Gabrielle Bouthillier et Danya Ortmann. Pour saluer les performances musicales et théâtrales de l’équipe d’interprètes qui, en plus des deux jeunes femmes, est composée de Bruno Bouchard, Jasmin Cloutier, Simon Elmaleh et Philippe Lessard-Drolet.
La ligne directrice du spectacle est simple et sans équivoque. Armé de L’encyclopédie de la cuisine de Jehane Benoit, L’ODHO concocte sur scène un repas de poulet, de patates pilées et de hors-d’œuvre digne des gueuletons traditionnels des années cinquante, sans oublier les boissons. La confection des plats est un authentique festin pour les yeux, les oreilles, le nez et, possiblement, les papilles des spectateurs. Le plateau du Périscope se transforme en un véritable chantier culinaire où l’enthousiasme absolument délirant des interprètes dans la préparation des mets se traduit par le biais de musiques et de chants indéniablement festifs.
Les chansons des Cackle Sisters représentent le cœur battant du spectacle. Ce duo de musique country, formé de Mary Jane et Carolyn DeZurik, nées au début du siècle dernier au Minnesota et reines du yodel américain, a développé un impressionnant répertoire inspiré de la vie sur la ferme familiale, de bruits d’animaux et de gazouillis d’oiseaux. Interprétées par Bouthillier et Ortmann, ces mélodies se prêtent admirablement bien à la thématique de la production et, dans le contexte de cette œuvre, leur exécution relève de l’exploit.
Comme son nom l’indique, L’ODHO est un mélange d’artistes touche-à-tout qui savent accomplir plusieurs choses en même temps. Kitchen Chicken est un exemple parfait de cette polyvalence. Sans éventer les nombreuses astuces saugrenues de la pièce dont la découverte constitue une partie exaltante de l’expérience théâtrale pour le public, celui-ci peut s’attendre à assister à une sorte de symphonie de sons et de mouvements. Les actions se multiplient à un rythme exquis et les trouvailles rivalisent d’ingéniosité.
Tout en chantant ou en jouant des instruments, les interprètes cuisent la viande, tranchent des oignons, se maquillent, infusent du thé, préparent des petites bouchées, se liment les ongles, etc. C’est l’amalgame de ces situations et la façon dont les tâches sont accomplies qui rendent l’ensemble totalement loufoque. Les différentes trames musicales de l’œuvre s’arriment aux étapes de l’élaboration du repas avec énormément d’humour, de folie et d’adresse. Le décor, déjà chargé d’accessoires disparates et hétéroclites au début de la pièce, se transforme en une sorte de branle-bas de combat tout au long des numéros.
Ce spectacle complètement débridé de l’ODHO est un délice pour les sens et un antidote à la morosité. C’est un moment de partage avec les artistes et les autres membres du public qui stimule, dynamise et fait grand bien à l’âme.
Kitchen Chicken, au Théâtre Périscope du 6 au 17 décembre 2022