Archipel : Beauté contemplative

Archipel : Beauté contemplative

Dans la toute douce nouvelle création de L’Illusion, Théâtre de marionnettes, trois étoiles quittent le ciel pour aller à la découverte d’un archipel, de ses paysages, de ses sons et des étranges créatures qui le peuplent. Avec Archipel, l’idéatrice et metteuse en scène Sabrina Baran propose un périple au coeur d’un monde singulier qui sollicite notre imagination.

Esthétiquement très réussi, Archipel s’apprécie dans la lenteur d’une partition presque sans paroles, qui laisse toute la place aux univers sonore et visuel. Les trois étoiles scintillantes, une musicienne (Maryse Poulin, qui crée sur scène) et deux marionnettistes (Paola Huitrón et Citali Germé Trevino) survolent les îles tandis que les silences s’installent et que les mots flottent ou rebondissent dans l’espace. Le spectacle offre une bulle apaisante, parfois déstabilisante pour notre époque où le vide et l’ennui tendent à disparaître.

Le spectacle contemplatif ne propose pas d’histoire à proprement parler, il ne présente pas ses personnages ni ne nous amène quelque part en particulier. Sabrina Baran et son équipe laissent plutôt voguer leur barque créatrice d’une île à l’autre, esquissant des paysages qu’il nous revient d’imaginer et de transformer. Pas facile pour le jeune public et même pour les adultes dans la salle de s’accrocher. Si la curiosité s’émousse en cours de représentation (quelques jeunes spectateurs ne tardent d’ailleurs pas à donner leur verdict sans appel : «c’est plate», «il ne se passe rien»), l’Archipel de L’Illusion plante tout de même un canevas riche en possibilités, notamment grâce à une scénographie ingénieuse signée Laurence Gagnon Lefebvre qui évoque très sobrement les reliefs du paysage tout autant que les vagues.

À trop laisser le champ libre à l’imagination, Archipel égare malheureusement notre intérêt, même si l’exploration est paisible et agréable. Ce sont les adorables marionnettes de Grandiose et Tranquille qui retiennent le plus l’attention du public avec leurs grands yeux et leurs froufrous. Leurs apparitions rigolotes sèment les sourires sur les visages des enfants. On aurait envie de les suivre plus longuement dans leurs aventures.

Archipel s’adresse avant tout à nos sens, accordant un large espace aux mouvements, aux couleurs et aux sons. Mais en quittant la salle, les contours de cet archipel s’estompent, comme les détails d’un rêve qu’on tente de retenir.

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