Le charme du cirque
par Daphné Bathalon
Montréal Complètement Cirque donnait mercredi le coup d’envoi de sa programmation 2013, qui se poursuivra jusqu’au 14 juillet 2013. Le festival avait demandé à la Baronne d’organiser ce grand événement pour souligner sa quatrième année d’existence. Sur le coup de 20h se pressaient donc sur le tapis rouge vedettes, journalistes, photographes et caméramans. Mais attention, ne sont admis au Music-Hall de la Baronne que les spectateurs bien vêtus! Heureusement, on offre à tous, à l’accueil, des cravates ou des fleurs à poser à la boutonnière. Quelle attention charmante et qui plonge le spectateur dans l’ambiance du cabaret avant même qu’il pose le pied dans la très belle salle du théâtre Olympia.
Il faut dire d’emblée que cette salle se révèle l’écrin parfait pour le spectacle offert par la Baronne, malgré la scène étroite et la toute petite arène sur laquelle les artistes performent. Tout autour, les spectateurs assis à leur table dégustent leurs consommations. L’éclairage chaud et feutré, signé Jean-François Couture, et la direction musicale de Jean Fernand Girard concourent à créer une atmosphère bien agréable par laquelle on se laisse porter.
L’événement d’ouverture, qui souligne également le début des festivités entourant le 20e anniversaire du cirque Éloize, se veut un joyeux métissage du théâtre et du cirque. Après avoir vu le spectacle, on parlera plutôt de belle cohabitation, car si les prestations circassiennes se révèlent à la hauteur, la portion théâtrale du spectacle en est le maillon faible. Plusieurs blagues tombent à plat et même l’effet comique de la répétition finit par lasser en fin de représentation. À ce compte, le numéro de dressage des fauves humains s’étirent inutilement en longueur. Ce n’est pourtant pas complètement la faute des interprètes : le personnage de la Baronne (incarnée avec une morgue exquise par Catherine Pinard) est intéressant mais insuffisamment exploité, et Monsieur Renaud, le maître de cérémonie, possède sa propre élégance (et quelle belle voix lorsque le comédien Renaud Paradis pousse la note!), mais leurs répliques manquent de sel. Les saynètes qui rythment le cabaret sont bien sages à côté de la sensualité que dégagent certains numéros de cirque.
On retiendra surtout la beauté de cette acrobate autrichienne, Christine Gruber, qui s’exécute aux anneaux aériens sans cesser de fumer sa cigarette. Elle a un charme fou et maîtrise chacun de ses mouvements. Si le jongleur cubain Rony Gòmez fait voltiger ses balles à une vitesse proprement ahurissante (on a parfois l’impression que ses mains demeurent immobiles tandis que les balles disparaissent tellement elles vont vite), c’est surtout le duo d’équilibre formé par Louis-Marc Bruneau-Dumoulin et Camille Tremblay qui impressionnent par sa dextérité. Dans l’espace restreint qui lui est dévolu, le Québécois Frédéric Lemieux Cormier manie la roue allemande avec une facilité déconcertante. Enfin, la beauté symbiotique entre la Chanson des vieux amants de Brel et la danse aérienne de l’Américain Michael Lanphear aux sangles marque les esprits.
C’est donc surtout au chapitre des numéros de cirque que le spectacle se démarque. On aurait donc alors tort de refuser l’invitation de la Baronne, ne serait-ce que pour goûter à l’ambiance du cabaret et pour apprécier la beauté des arts du cirque et du corps humain.
Music-Hall de la Baronne
Jusqu’au 14 juillet au Théâtre Olympia