Depuis le 1er juin 2012, les artistes et les créateurs de la métropole ont accès à une nouvelle demeure, au cœur du Vieux-Montréal. Situé au coin des rues Saint-Pierre et Saint-Paul, le Centre PHI offre un lounge, des salles d’exposition, de projection, de spectacle, des studios d’enregistrement et de montage, le tout non pas à la fine pointe de la technologie, mais bien à l’avance sur son temps. Le building, considéré LEED, est intelligent, et sera employé à sa pleine capacité technologique que d’ici une vingtaine d’années, selon les membres de la direction. La fondatrice, Phoebe Greenberg, désire que le bâtiment soit un endroit qui « puisse répondre parfaitement à l’évolution des nouveaux médias et aux différentes visions des artistes œuvrant dans tous les domaines ».

Pour avoir visité les lieux, je dois dire que c’est un centre absolument impressionnant. Les salles, multifonctionnelles, épatent : elles se transforment rapidement au gré des événements qu’elles accueillent. Le lobby est ultra moderne, sans trop jurer avec sa forme d’origine datant de 1861. Petite anecdote, pour documenter la construction, Denis Villeneuve a tourné en ces lieux le court métrage Next Floor, récipiendaire de nombreux prix internationaux. Personnellement, l’une des grandes qualités du Centre est celle de vouloir créer des rencontres uniques entre les artistes et le public. Par exemple, si l’on présente le film d’un cinéaste, il sera sur place pour répondre aux questions ; de plus, il pourrait être possible de suivre des cours avec un ou des comédiens du film, ou d’avoir accès à une classe de maître du réalisateur. L’art dans tous ses états.

La première installation que le Centre PHI accueille est celle de Jean-François Mayrand, intitulée Amentia, qui signifie « absence de raison, démence ». L’installation se veut interactive, en accueillant qu’un seul « spectateur » à la fois. Le visiteur entre dans une toute petite salle de 9 mètres carrés ; d’une durée de 3 à 5 minutes, la séance propose des vidéos projetées sur trois murs. Trois incarnations d’un homme et sa folie, qui réagissent à l’attention et au mouvement du visiteur. Par exemple, quelqu’un qui reste immobile n’aura que peu de réactions du personnage, interprété par le comédien Gaétan Nadeau, alors que celui qui saura bouger et agir avec l’homme sur les murs verra celui-ci sombrer davantage dans la névrose et la folie.

Expérience fascinante, Amentia est un moment de liberté totale. Personne ne peut voir ce que nous faisons dans ce cube géant, fermé de toute part. On peut ainsi se laisser totalement aller, à crier, bouger, s’emporter. Et plus nous le faisons, plus l’expérience évolue. On sombre dans notre propre conscient et inconscient, projetant en cet homme à la camisole de force notre moi dénonciateur, enfoui, malade, exorcisant nos sentiments de tristesse, de colère.

À la sortie, un graphique se dessine sur un écran du Centre, recréant visuellement notre « moment de folie » ; une illustration qui n’est pas sans rappeler le test de Rorschach. On peut la retrouver en ligne ou en commander un tirage. Je vous partage la mienne. Bonne visite !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Centre PHI, 407, rue Saint-Pierre
Amentia – en primeur au Centre PHI, dès le 1er juin 2012,
du mercredi au vendredi, de midi à 19h
samedi et dimanche de 11h à 18h
Entrée libre
www.amentia.com
www.centre-phi.com

 

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