LNI – Coupe Charade 2019 : Aisance sur la patinoire

par Daphné Bathalon

L’équipe des Rouges de Jean-Philippe Durand a maintenu sa domination en saison régulière de la Coupe Charade cette année lors d’un match pétaradant, les mettant aux prises avec les Oranges de René Rousseau, qui n’ont pas démérité (loin s’en faut!). D’ailleurs, le fait que les Oranges occupaient la quatrième position du classement avant ce match démontre bien que la LNI compte cette année sur des équipes très solides et surtout bien équilibrées.

Crédit Daphné Bathalon

Dimanche 17 mars, les deux équipes ont offert une très belle série d’improvisations, dans lesquelles ils ont pu montrer toute leur habileté de conteurs d’histoires, tant en mixtes qu’en comparées. Il faut dire que les formations sont de forces équivalentes et misent toutes deux sur un alignement de joueurs aux talents complémentaires, entre des pointeurs comme Pier-Luc Funk et Arnaud Soly et des bâtisseuses comme Amélie Geoffroy et Salomé Corbo, pour n’en nommer que quelques-uns.

Le match s’est ouvert sur l’hymne national de la LNI dans une version instrumentale réinventée à la guitare électrique par Jean-Claude Marsan. Une approche originale qui a donné le ton au spectacle!

Dès la première impro, la comparée Leçon d’humilité remportée par les Rouges, les joueurs Arnaud Soly (Oranges) et Anne-Élisabeth Bossé (Rouges, en remplacement de Marie-Ève Morency) ont exploré le genre tragi-comique qui plaît beaucoup au public. D’un côté, nous avons eu un chansonnier déprimé privé d’une figure paternelle, et de l’autre une politicienne tentant de faire amende honorable…

La période s’est poursuivie dans la même veine. En deuxième impro, Brigitte Soucy (Oranges) et Amélie Geoffroy (Rouges) ont d’abord offert un touchant duo chanté sur le thème Les voies de l’au-delà. Pendant cinq minutes, les retrouvailles entre la mère et la fille ont résonné avec beaucoup de naturel. Point Rouges. Puis, dans la mixte Avec ou sans pyjama, Pier-Luc Funk (Rouges) et Salomé Corbo (Oranges) ont joué au frère et à la sœur avec affection et humour. Une performance acrobatique et émouvante qui a donné un premier point aux Oranges. Juste avant la fin de cette première période, le public a aussi assisté à deux drôles de comparées sur le thème Codex complexe. La proposition plus clownesque des Oranges, une rencontre entre un androïde et un grand solitaire (François-Étienne Paré et Arnaud Soly) a remporté l’adhésion du public et permis à l’équipe d’égaliser la marque.

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En deuxième période, les équipes n’ont pas baissé la garde un seul instant et les spectateurs ont eu droit à trois improvisations prenantes et bien construites. Même si la catégorie « Tentative de critique du clergé au 16e siècle » de la mixte L’archevêque de Canterbury a donné du fil à retordre aux deux équipes, les capitaines François Aubé et Salomé Corbo ont proposé une histoire convaincante. Dans le rôle de la religieuse perdant foi en l’Église, Corbo a d’ailleurs offert une diatribe particulièrement vibrante. « Est-ce que votre foi est telle que vous ne voyez plus des orphelins, mais des agneaux à sacrifier? » a-t-elle ainsi lancé à un archevêque apparemment insensible au sort des mères mourantes. L’arbitre Simon Rousseau n’a pas paru convaincu par la tentative qui était selon lui… trop réussie. C’est qu’il a de l’humour, cet arbitre! Point Oranges.

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La longue comparée de 8 minutes Ne lâche jamais ma main a donné lieu à deux improvisations similaires sur le plan de la structure, mais là où les Rouges ont choisi de nous propulser dans le futur possible de deux jeunes adultes venant de se rencontrer (Funk et Geoffroy), les Oranges ont choisi le chemin inverse en nous replongeant, par flashbacks, dans le passé d’un homme au bord du suicide (Paré). Deux beaux moments touchants, chacun à sa manière, marqués cependant par une pénalité de cabotinage au joueur Arnaud Soly, qui a forcé l’équipe des Oranges à accorder un point aux Rouges. Ceux-ci ayant également empoché le point de l’impro par un vote très serré de 198 à 192, ils ont terminé cette période haute en émotion avec une avance d’un point.

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La troisième période s’est révélée moins prenante, mais pas moins divertissante. Déterminés à reprendre leur avance, les Oranges ont offert une performance très physique dans la comparée sans paroles Série de diapositives, où des vacances trop arrosées tournent au désastre, et ont remporté leur pari. Dans la mixte de 12 minutes La métamorphose de Marcel, impro la plus intéressante de la période, un vieil homme à la mémoire défaillante (Soly) est davantage passionné par ses modèles réduits de train que par son fils (Funk) malgré les efforts de sa belle-fille (Bossé) pour les réconcilier. Point Oranges.

Le match s’est poursuivi sur une autre longue mixte, de 10 minutes cette fois, La demoiselle de Riga, qui n’a hélas pas donné lieu à de grands échanges, malgré quelques personnages typés intrigants. Le public a choisi d’égaliser la marque pour obtenir une impro en prolongation. Le match s’est donc terminé sur une comparée à un joueur par équipe sur le thème L’étranger dans mon miroir. Funk s’est lancé le premier, pour les Rouges, et a eu recours à sa botte-pas-si-secrète : son habileté à incarner tous les personnages d’une histoire. Il n’y a pas à dire, le jeune joueur aguerri sait y faire. Il a ainsi joué le jeune intimidé cherchant sa revanche, l’intimidateur idiot et la fille snob dans un ensemble parfaitement fluide, mais il a paru manquer de jus sur la fin et a par ailleurs reçu une pénalité de cliché. Du côté des Oranges, Soucy s’est intelligemment servi de la musique d’Éric Desranleau pour bâtir son histoire de femme seule s’imaginant une sortie chez Mikes avec Marco Calliari. Le public a néanmoins préféré la performance de Funk, qui a ainsi permis à son équipe de remporter le match 6 à 5.

Toujours invaincus en quatre matchs et avec 8 points au classement, les Rouges affronteront les Verts le 8 avril et pourraient bien s’assurer d’une place en série éliminatoire! Prochain match : 24 mars, les Bleus contre les Jaunes.

Étoiles du match
Antidote : Amélie Geoffroy
Rouges : Pier-Luc Funk
Oranges : François-Étienne Paré

Crédit Daphné Bathalon

 

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