À travers mes yeux : une oeuvre bonbon

À travers mes yeux : une oeuvre bonbon

Véritable symphonie de formes, de couleurs et de sons, À travers mes yeux est un spectacle où les sens et les émotions sont sollicités. Cette production de la compagnie de danse contemporaine Bouge de là, dont le travail est exclusivement tourné vers le jeune public, est un enchantement tant pour les yeux que pour les oreilles.

Le spectacle débute tout doucement par une scène où le blanc domine. Le cercle, le carré et le rectangle, représentés par un ballon, des cubes de bois et des traits horizontaux tracés sur le sol, composent l’essentiel de la scénographie. L’immense ballon en peluche au centre du plateau constitue la première découverte d’une jeune danseuse qui en expérimente la texture et le maniement à la manière d’un petit animal effarouché, mais curieux. Pendant ce temps, la noirceur enveloppe graduellement la salle, offrant par la suite de multiples possibilités de jeux d’ombres et de lumières. Une première couleur, le vert, fait son apparition dans l’espace sous la forme d’un morceau de tissu. Celui-ci se révèle être une combinaison extensible en forme d’étoile de laquelle n’émergent, une fois revêtue par la danseuse, que les extrémités de son corps, soit la tête et les pieds. Le triangle s’invite ainsi dans la danse selon les mouvements effectués par l’interprète ainsi déguisée. Une grande toile de fond donne vie aux ombres qui s’y manifestent et décuple très tôt le personnage de départ.

Le plateau se retrouve rapidement habité par quatre danseuses (Emmanuelle Martin, Myriam Tremblay, Julie Tymchuk et Angélique Delorme) dont les costumes bigarrés, conçus par Marilène Bastien qui signe également le décor du spectacle, créent un kaléidoscope de couleurs. La gestuelle des interprètes est empreinte de tendresse, de drôlerie, parfois d’acrobaties, et leur terrain de jeu se métamorphose au rythme d’un environnement sonore (Bernard Falaise et Guy Fortin) et lumineux (Lucie Bazzo) qui stimule l’imagination et suscite une myriade de perceptions. Entre les touches d’un piano que la lumière fait jaillir du sol et que la chorégraphie fait résonner, le bourdonnement d’insectes et le chant de batraciens, les ruptures de ton évoquent les métamorphoses liées à l’univers fertile des jeux d’enfants.

Seul bémol qui n’est pas à proprement parler une critique, mais plutôt une remarque : l’absence de danseurs sur la scène de cette production. La présence d’interprètes masculins aurait peut-être pu permettre aux petits garçons d’embrasser davantage cette magnifique proposition qui, par-delà tous ses attributs, est marquée du sceau de la féminité. La vue et l’ouïe sont amplement sollicitées dans cette féérie éclatante de la chorégraphe Hélène Langevin. Ce spectacle, qui a remporté le Prix du Conseil des arts et des lettres du Québec pour la meilleure œuvre chorégraphique 2018-2019 aux Prix de la danse de Montréal, a vu sa diffusion freinée par la pandémie. À travers mes yeux reprend donc la route avec quelques mois de maturité en plus et saura plaire aux petits à en juger par la réaction des enfants dans la salle lors d’une représentation scolaire au Théâtre jeunesse Les Gros Becs. Cette œuvre bonbon possède également toutes les qualités pour reverdir l’âme des adultes qui souhaitent se laisser émerveiller par la poésie de l’imaginaire.

Crédit photo Rolline Laporte


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Calendrier

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Du 23 au 27 février 2022 – COMPLET

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