Toutes choses : Précieuse amitié

Toutes choses : Précieuse amitié

Il y a la Brune et il y a la Rousse, l’une imposante et l’autre menue, et il y a surtout entre elles un lien indestructible qui s’est formé il y a trois décennies, hors de la bulle familiale ou amoureuse. Ensemble, elles nous racontent cette amitié avec ses hauts et ses bas, ses moments de doute comme ses moments de compréhension mutuelle.

Grandes amies dans la vie, l’autrice Fanny Britt et la metteuse en scène Alexia Bürger nous offrent avec Toutes choses une parenthèse douce et bienveillante au coeur de leur amitié, qu’elles relatent et « romancent » par le biais du grand amour qu’elles portent au film Stand By Me, découvert dans leur enfance et qui célébrait d’ailleurs l’an dernier son 35e anniversaire.

Incarnées sur scène par les formidables Sophie Cadieux et Kathleen Fortin, les deux « namies», comme elles s’interpellent affectueusement, remontent le fil de leur amitié pour nous ramener à l’époque d’une certaine naïveté, sans être exempte d’expériences difficiles et de questionnements. En filigrane de cette nostalgie de l’amitié d’enfance, il y aussi la perte de l’innocence, si bien décrite par le film de Rob Reiner. Les deux femmes se confient sur leurs peurs, leurs angoisses, leurs contradictions et, surtout, sur ce qui cimente leur amitié malgré leurs différences évidentes, comme c’était le cas pour l’inoubliable quatuor de Stand By Me.

Fanny Britt signe Toutes choses, un texte qui déborde d’amour et de tendresse pour ces deux âmes qui ont eu la grande chance de se trouver dans leur jeunesse pour s’épauler, se comprendre et s’accepter, avec tous leurs défauts. « Sous ta loupe, je suis magnifiée », dit l’autrice à sa metteuse en scène dans le programme de la pièce. Compliment auquel la metteuse en scène semble répondre « Non, toi ». Toutes deux faisant échos aux propos de leurs alter ego sur scène.

Très complices, Sophie Cadieux et Kathleen Fortin livrent ce texte à trois voix (les leurs et la bande française du film avec ses expressions si franchouillardes) avec aplomb et simplicité, malgré quelques bredouillements au soir de la première. Leurs répliques s’enchaînent, s’entrecroisent et se complètent dans un feu roulant de confidences sérieuses ou rigolotes et d’anecdotes au sujet du film. Il est, ainsi, aussi bien question de l’interprétation inoubliable de River Phoenix et Wil Weathon que de la solitude de l’enfance, de la tolérance au risque, de dépression et de la crainte de voir l’autre disparaître avant soi, emportée par la mort.

La mise en scène d’Alexia Bürger place les deux amies au centre de tout, les ramenant même dans un premier temps au plus près du public, devant les rideaux, avant que le paysage de cette amitié ne se dévoile pour mieux se mettre en scène en revisitant des souvenirs, en en inventant d’autres ou en rejouant les passages les plus mythiques de Stand By Me.

Si l’enjeu et le fil dramatiques sont par moments ténus, le spectacle d’une telle amitié, précieuse et rare, fait un grand bien au moral, et on aurait envie de remercier les créatrices d’avoir eu la générosité de le partager avec nous, l’espace d’une soirée.

Crédit Yanick Macdonald


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Calendrier

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Du 19 avril au 14 mai 2022

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