Rolande Roland : trouver à quoi on rime

Rolande Roland : trouver à quoi on rime

Avant d’accueillir l’édition 2022 du Scriptarium et le très doux Depuis la grève, le Théâtre jeunesse Les Gros Becs offre à son jeune public une dernière création originale en cette fin de saison 2021-2022, soit Rolande Roland, du Théâtre du Gros Mécano.

Rolande Roland, fille de Roland l’horloger et de Rolande la pilote de course, parcourt les routes sur son fidèle destrier Ti-bicycle. Ce jour-là, Ti-bicycle l’amène à son repère secret : un endroit qu’elle affectionne particulièrement et où elle peut se « détresser ». Étrangement, ce repère est à l’image de ses parents, soit une immense horloge coucou sur pattes, encerclée par une piste de course toute ronde. Mais ce jour-là, une surprise l’attend : une marguerite a poussé au travers du bitume, créant un obstacle à sa course effrénée. Rolande Roland se remet alors en question : Roland toujours à temps, Rolande toujours la plus grande, mais Rolande Roland… ça rime à quoi ? De plus, elle n’est pas seule : Ti-bicycle a eu l’idée d’inviter plein d’amis (le public), qui sauront peut-être l’aider à répondre à cette épineuse question.

Courte pièce d’à peine 35 minutes de Mélissa Bolduc et mise en scène par Marie-Hélène Gendreau, Rolande Roland se veut une ode au ralentissement plutôt qu’à la lenteur. Totalement consciente de son énergie débordante, la petite fille prend de longues respirations et fait le décompte : 3, 2, 1, wooo… pour se calmer et mieux réfléchir. La pièce se veut aussi un début de quête identitaire, une recherche de se définir soi-même, avec un père bourreau de travail dans son atelier qui tente de contrôler le temps, et une mère dans son bolide qui ne désire qu’une chose, se battre contre la montre. Elle se remémore d’ailleurs, dans un élan plutôt comique, son apprentissage du vélo, avec les voix opposées de ses parents, le casque de protection cahotant sur sa tête – une expérience que les petit.e.s en salle auront vécu plus ou moins récemment, se reconnaissant dans ce cheminement de vie, important apprentissage de l’équilibre et de la vitesse. D’ailleurs, la pièce, qui devait s’intituler La petite histoire de Rolande, présentait comme monture une trottinette ; le choix de la remplacer par un vélo style BMX s’avère beaucoup plus judicieux.

Presque seule en scène (Antoine Paré-Poirier se cache dans l’horloge pour quelques manipulations d’oiseau-coucou et d’aiguilles marqueurs de temps), Monika Pilon interprète Rolande Roland en lui octroyant sa couleur bien particulière, maitrisant habilement la caricature et le naturel d’une jeune fille dégourdie, faisant preuve d’une charmante répartie lors de ses interventions avec le public. Les phrases simples, les facéties et autres déhanchements toucheront les enfants, alors que certaines allusions – un pan du spectacle semble être un hommage direct à Jean-Jacques Goldman et ses chansons, dont Les derniers seront les premiers, que Rolande Roland chantonne allègrement – feront sourire les plus vieux.

Si la durée se veut agréable, surtout en ce printemps qui fleurit doucement à l’extérieur, il semble pourtant qu’elle met à jour un certain manque de substance, un propos plutôt mince malgré le public cible. Comme preuve, la question d’une petite fille dans la salle qui s’est exclamée, à juste titre, pourquoi la comédienne s’en allait déjà… Somme toute, un spectacle apprécié du jeune public, mais qui pourrait aisément creuser davantage certaines interrogations et mieux communiquer ses réflexions avec les petits spectateurs, d’autant plus que le bris du quatrième mur, à quelques reprises lors de la représentation, fonctionne à ravir.


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Calendrier

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Du 23 avril au 5 mai 2022

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