par Daphné Bathalon

Il est possible, sans quitter le Québec (ou même le confort de son foyer), de voir un certain nombre de productions étrangères. Les occasions d’en voir sont encore peu nombreuses, car cette ouverture vers le théâtre venu d’ailleurs est encore timide, mais soulignons néanmoins les bons coups.

En salle

Le procès ou la triste histoire de Joseph K., du Théâtre de marionnettes de Maribor (Slovénie), Aux Écuries
Le procès ou la triste histoire de Joseph K., du Théâtre de marionnettes de Maribor (Slovénie), Aux Écuries

Depuis quelques années, l’Usine C, Aux Écuries et La Chapelle, ainsi que plus rarement Fred-Barry et le Théâtre du Nouveau Monde, nous offrent de voyager en accueillant quelques fois par année des productions ou des coproductions étrangères (européennes et américaines le plus souvent). C’est l’occasion de découvrir d’autres types de mises en scène, d’autres scénographies, mais surtout l’occasion de voir et d’entendre des textes inédits ou des auteurs peu montés, voire méconnus chez nous. Ces productions issues d’autres cultures permettent aux spectateurs d’ici d’examiner, sous des angles différents, des sujets qui les concernent tout autant, et parfois, de poser un nouveau regard sur notre société ou notre façon de faire du théâtre.

Le Festival TransAmériques ainsi que les festivals jeune public comme Les coups de théâtre et Petits Bonheurs nous offrent aussi chaque fois un petit tour du monde en théâtre ou en danse. Casteliers propose également certaines productions de l’étranger dans sa programmation. La capitale a quant à elle Le Carrefour international de théâtre de Québec pour de tels dépaysements. Au fil des ans, ces festivals ont mis en contact le public québécois (certes, bien souvent un public restreint d’initiés) avec de grands noms, de grandes compagnies, mais aussi de nombreux artistes de la relève provenant d’horizons et de milieux très diversifiés.

Au petit écran

On peut évidemment trouver quelques productions étrangères sur DVD ou VHS, à Bibliothèque et Archives nationales du Québec ou dans les voûtes des universités. Les repérer dans les collections peut toutefois s’avérer difficile. À BAnQ, par exemple, il n’existe pas de catégorie « théâtre ». On y compte pourtant un petit nombre de spectacles filmés et, plus nombreux, des documentaires sur la dramaturgie. Les grands classiques se retrouvent également sur les rayons de BAnQ ou dans la réserve. Il suffit de s’adresser à un bibliothécaire pour faire sortir un document de la réserve (eh oui, on peut les emprunter). Parmi les spectacles disponibles : plusieurs productions de la compagnie de Peter Brook, comme Le seigneur des mouches, Le roi Lear et Le Mahabharata. Une expérience théâtrale à vivre, même par le biais d’un écran!

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The Tempest, Globe on screen

La BAnQ offre aussi quelques titres de la collection éducative du Globe On Screen. Celle-ci propose des productions du Shakespeare’s Globe (Londres) avec des sous-titres en anglais, en français et en allemand. La collection contient essentiellement des pièces de Shakespeare, parmi lesquelles une excellente version de La tempête, jouée à Londres en 2013. La mise en scène ne révolutionne rien, mais la performance de Roger Allam en Prospero est un tour de force à voir.

Enfin, la chaîne ARTE met en ligne certaines productions théâtrales pour une durée limitée dans la section ARTE concerts. L’excellent Richard III, mis en scène par Thomas Ostermeier, y a ainsi été (trop) brièvement offert cet automne. La chaîne TFO présente quant à elle régulièrement des opéras et parfois de la danse ou du théâtre le dimanche soir.

Sur grand écran

hamletIl y aussi, et c’est plus récent, la possibilité de voir des productions étrangères ou canadiennes sur grand écran. C’est surtout le cas du côté anglophone de la métropole pour le moment. Avec la série De la scène à l’écran, Cineplex propose ses rendez-vous avec des productions londoniennes, notamment grâce au National Theatre Live. On parle d’une dizaine de productions chaque année dans certaines salles de la métropole avec des nouveautés et des reprises des productions les plus populaires. Il y a eu cet automne le très attendu Hamlet, avec Benedict Cumberbatch, qui a fait salle comble pour presque toutes ses projections, et la reprise de Coriolanus (lire ma critique de ces deux spectacles ici). Il y a aussi eu l’admirable A View from the Bridge l’hiver dernier (critique), Treasure Island (critique) et la reprise de Frankenstein (critique). Dans certains de ses cinémas anglophones à Montréal (Cavendish, Brossard et Forum), Cineplex propose aussi de l’opéra (Met Opera), de la danse (Ballet du Bolchoï et The Royal Ballet) et des visites de musée (En vedette à la galerie).

Du côté des cinémas francophones, l’offre théâtrale est malheureusement quasi absente, même à Montréal. Au mois d’août, le Théâtre Outremont accueillait bien trois captations de tragédies shakespeariennes produites au Festival de Stratford, en Ontario, pendant l’événement Stratford on Outremont – De la scène à l’écran (Cineplex a également diffusé ces productions l’hiver dernier), mais les autres cinémas francophones se font timides. Aux cinémas Beaubien et Du Parc ainsi que dans certains Guzzo de Montréal, on présente les productions de l’Opéra national de Paris et du Royal Opera House lors de projections L’opéra au cinéma (on fait aussi de telles projections au Clap, à Québec, notamment, et en régions). Une programmation qui, en trois ans, a vu son nombre d’écrans de projection passer de cinq à dix-sept au Québec. Au Cineplex Quartier Latin, on présente par ailleurs des productions du Met Opera ; mais point de théâtre. Au vu de l’intérêt démontré pour les projections d’opéra dans les cinémas francophones, espérons que le tour du théâtre viendra bientôt!

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