CRITIQUE – Le bibliothécaire : ode à l’imaginaire

Paul-Émile est un bibliothécaire tout ce qu’il y a de plus sérieux, quoique très maladroit. Il classe les livres par ordre alphabétique, répare les reliures, époussette, fait le ménage des lieux avant l’ouverture… mais c’est aussi un esprit curieux, incapable de résister à l’appel de la lecture.

Avec sa production Le bibliothécaire, Le Gros Orteil retrouve son sujet de prédilection : l’imagination. Grâce à la lecture, Paul-Émile s’évade vers 1001 destinations, pour mieux devenir espion, amoureux transi ou véritable Tarzan. Parce qu’un livre recèle une magie extraordinaire: celle de transformer le quotidien.

Passionné, bougon, effrayé ou franchement curieux, ce bibliothécaire attachant s’aventure dans le monde des histoires comme un explorateur en territoires inconnus, prompt à s’exclamer devant chaque découverte et à partager son enthousiasme avec le public. Cette complicité entre l’artiste et le public est la grande force de ce spectacle. Les enfants réagissent instantanément, se laissent gagner par la fièvre littéraire et réclament même du bibliothécaire qu’il continue à lire ses livres.

Source : www.legrosorteil.com

Seul en scène, l’artiste circassien Hyppolite donne à son bibliothécaire beaucoup de charme. En un rien de temps, il conquiert le coeur du jeune public grâce à sa maladresse et à ses réactions impulsives (le voir cracher comme un chat contre tout ce qui lui déplaît est particulièrement drôle). Tout au long du spectacle, il met les spectateurs dans la confidence, les emmène dans ses aventures imaginaires et rompt le sacro-saint silence de la bibliothèque pour donner vie à ses livres.

D’un point de vue technique, les performances musicales et numéros de cirque n’impressionneront pour la plupart pas les amateurs, mais la candeur avec laquelle le bibliothécaire les réalise et l’énergie déployée par Hippolyte pendant toute l’heure de la représentation compensent largement.

Le spectacle mise avant tout sur le jeu acrobatique, enchaînant les culbutes, expressions faciales rigolotes et numéros de jonglerie, dont un relativement simple, mais très joli numéro de jonglerie de boîtes à cigares… des livres, pour l’occasion. La mise en scène de Marie-Hélène D’Amours et d’Hippolyte laisse d’ailleurs toute la place au sympathique personnage, avec son imagination sans limites et son énergie débordante. Le performeur, habitué du théâtre de rue, porte tout le spectacle sur ses épaules.

En concluant la production par un tonitruant «Bienvenue à la bibliothèque!», Le Gros Orteil met joyeusement en évidence que ce spectacle est une immense invitation à rêver, à lire et à voyager grâce à notre imagination. À voir les mines réjouies à la sortie de la salle, l’invitation a été entendue!

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