Catégorie : Critiques
Un ennemi du peuple : entre perfidie et authenticité
Dans une petite ville de Norvège, la docteure Katherine Stockmann (Ève Landry) découvre que les eaux qui alimentent la station thermale qu’elle dirige sont contaminées par une importante quantité de bactéries nocives pour la santé. Elle décide sans attendre et à l’encontre des recommandations de son frère, Peter
(Jean-Sébastien Ouellette), à la fois maire de la municipalité et président du conseil d’administration des bains, de publier l’étude qui en fait la démonstration. Cette décision, qui ébranle le fragile équilibre politique et économique de la communauté, enclenche une réaction systémique qui évolue en une vertigineuse escalade entre hypocrisie et vérité, pouvoir et patriotisme. D’emblée populaire et adulée, Katherine va progressivement perdre tous ses appuis et devenir l’ennemie publique de la localité.
100 secondes avant minuit : un éclairage sur l’urgence d’agir
Plus récente production de Pirata Théâtre, le spectacle 100 secondes avant minuit devait être présenté en janvier dernier Aux Écuries. Malheureusement annulé après déjà un report en raison de la pandémie, il peut désormais être visionné sur le web. Filmée lors d’un enchainement sans public, cette création de Michelle Parent fait coexister l’art avec le documentaire alors qu’elle offre à des artistes et des gens du public de se côtoyer sur scène le temps d’une performance. Dans une esthétique assez théâtrale, ce sont des discours brûlants d’actualité énoncés à coup de 100 secondes qui résonnent telle une multitude de mises en garde avant que minuit ne sonne.
La Grosse Noirceur : Quand les doux en ont assez!
L’ovni théâtral qu’était La colère des doux passe de l’univers numérique à la scène des Écuries dans une version écourtée de quelques chapitres, mais qui parvient à conserver toute son étrangeté et ses savoureuses touches d’humour et d’horreur.
L’Écrit : comme une ode initiatique
En montant à bord de l’autobus jaune de l’Ubus Théâtre pour assister à une représentation de L’Écrit, le temps s’arrête. Dans ce cocon feutré et intime, le public est convié corps et âme à écouter une fable marionnettique d’une infinie tendresse. Les interprètes de la production, Agnès Zacharie et Pierre Robitaille, y accueillent leurs hôtes en toute quiétude, créant des vibrations propices un état idéal de réceptivité. L’ensemble de l’espace scénographique — décor, musique et lumière —, concocté par Vano Hotton, Pierre Robitaille, Pascal Robitaille et Henri Louis Chalem, prête au recueillement et à la concentration. Avec L’Écrit, l’expérience théâtrale est totale, le spectateur étant d’emblée aspiré dans cet univers fusionnel.
L’amour au 21e siècle (selon wikiHow) : séduction express
Avec un nombre toujours croissant de couples formés en ligne et d’articles, vidéos, balados (alouette!) consacrés à la poursuite de l’impossible rêve amoureux sur les réseaux, il y a lieu de se demander comment et pour quoi exactement palpitent nos coeurs aujourd’hui.
Cadeau : ce qui me reste de toi – Des mots présents
Les mots sont des objets, des parcours, des pensées, des émotions, des souvenirs… Ce sont des cadeaux précieux qui permettent de nommer et de comprendre le monde, de nourrir l’esprit, de communiquer, d’organiser la vie. Marcelle Dubois, autrice de la pièce, Cadeau : ce qui me reste de toi et directrice artistique du Festival du Jamais lu qui se consacre notamment à la promotion et à la diffusion de diverses pratiques d’écriture, ainsi que Véronique Côté, metteuse en scène qui se plaît à marier théâtre et littérature, sont des amoureuses de la langue. Et cet attachement inconditionnel au langage et à la parole exulte dans l’œuvre dramatique et scénique qu’elles ont créée expressément pour les enfants.
Faire crier les murs : L’art thérapie
Jade, 13 ans, a le don de voir à travers les murs (à ce qu’elle dit), ce qui ne l’empêche nullement d’en ériger plusieurs autour d’elle : entre elle et sa mère, vedette de comédie musicale trop peu présente, entre elle et Tom, qui voudrait tant être son ami… Entre Jade et le monde se dresse une véritable muraille de protection.
Marguerite : le feu : L’héroïne oubliée
Quand on parle d’esclavage en Amérique, on pense aussitôt aux champs de coton du Sud, au ségrégationnisme américain et à ces colonies sudistes qui se sont bâties sur le dos de leurs esclaves. Et pourtant, l’esclavage existait aussi ici, en Nouvelle-France ! On lui consacre pourtant bien peu de lignes dans l’enseignement de notre histoire, au point où la majorité des gens ne savent même pas qu’il y a eu de l’esclavage au Canada.
La fin de la fiction : essai réussi
En collaboration avec Théâtre Catapulte d’Ottawa, la compagnie Nuages en pantalon invite le public à une foisonnante réflexion sur notre réalité collective en se plongeant dans les interstices de sa « genèse ». Tels un essai ou un documentaire en condensé, le projet La fin de la fiction nous propulse de l’invention de l’imprimerie de masse aux plus récentes innovations de l’Internet, en passant par Buffalo Bill, Disney, Timothy Leary et Steve Jobs.
The One Dollar Story : Se déconstruire et se reconstruire
Avant la représentation de The One Dollar Story, la directrice artistique sortante du Théâtre Prospéro, Carmen Jolin – accompagnée de son successeur, Philippe Cyr – vient nous dire quelques mots : « Cette pièce est le fruit d’une collaboration France-Québec débutée en 2016 entre la compagnie Act Opus-Roland Auzet et Le Groupe de la Veillée. Elle a fait l’objet d’un laboratoire dans le cadre de l’édition 2019 de Territoires de paroles ici même. (…) »