Catégorie : Théâtre
Faire crier les murs : L’art thérapie
Jade, 13 ans, a le don de voir à travers les murs (à ce qu’elle dit), ce qui ne l’empêche nullement d’en ériger plusieurs autour d’elle : entre elle et sa mère, vedette de comédie musicale trop peu présente, entre elle et Tom, qui voudrait tant être son ami… Entre Jade et le monde se dresse une véritable muraille de protection.
Marguerite : le feu : L’héroïne oubliée
Quand on parle d’esclavage en Amérique, on pense aussitôt aux champs de coton du Sud, au ségrégationnisme américain et à ces colonies sudistes qui se sont bâties sur le dos de leurs esclaves. Et pourtant, l’esclavage existait aussi ici, en Nouvelle-France ! On lui consacre pourtant bien peu de lignes dans l’enseignement de notre histoire, au point où la majorité des gens ne savent même pas qu’il y a eu de l’esclavage au Canada.
La fin de la fiction : essai réussi
En collaboration avec Théâtre Catapulte d’Ottawa, la compagnie Nuages en pantalon invite le public à une foisonnante réflexion sur notre réalité collective en se plongeant dans les interstices de sa « genèse ». Tels un essai ou un documentaire en condensé, le projet La fin de la fiction nous propulse de l’invention de l’imprimerie de masse aux plus récentes innovations de l’Internet, en passant par Buffalo Bill, Disney, Timothy Leary et Steve Jobs.
The One Dollar Story : Se déconstruire et se reconstruire
Avant la représentation de The One Dollar Story, la directrice artistique sortante du Théâtre Prospéro, Carmen Jolin – accompagnée de son successeur, Philippe Cyr – vient nous dire quelques mots : « Cette pièce est le fruit d’une collaboration France-Québec débutée en 2016 entre la compagnie Act Opus-Roland Auzet et Le Groupe de la Veillée. Elle a fait l’objet d’un laboratoire dans le cadre de l’édition 2019 de Territoires de paroles ici même. (…) »
Quatre filles : Défier le monde pour être soi-même
Après avoir inspiré des générations de jeunes filles et garçons, avoir été adapté maintes fois pour le petit et le grand écran, dont l’inoubliable version de 1994 mettant notamment en vedette Winona Ryder et Susan Sarandon, le classique de la littérature américaine Little Women, de Louisa May Alcott, renaît ces jours-ci dans une adaptation signée Julie-Anne Ranger-Beauregard. Mais qu’a donc encore aujourd’hui à dire au public du Théâtre Denise-Pelletier cette histoire écrite dans les années 1860 dans le Massachusetts? Le discours féministe de l’autrice américaine et ses réflexions sur le passage ardu de l’adolescence à l’âge adulte et la difficulté de rester ou devenir soi-même n’ont certainement pas pris une ride.
Mademoiselle Julie : Quand l’intensité mène la danse, la tragédie séduit
Après deux ans d’attentes, pandémie oblige, le Rideau Vert accueille enfin Mademoiselle Julie sur sa scène. Si sa version en radiothéâtre diffusée en mars 2020 avait connu un certain succès auprès des auditeurs, cette version scénique adaptée et mise en scène par Serge Denoncourt mérite certainement d’être appréciée en salle. Portée par une Magalie Lépine-Blondeau des plus flamboyantes qui donne la réplique à un David Boutin dans la peau d’un valet impitoyable, la tragédie d’August Strindberg gagne en intensité. Au foudroyant duo se greffe une Kim Despatis qui offre une performance tout en contrôle. Le public assiste à un spectacle où le désir et la raison s’affrontent dans une lutte opposant l’aristocratie au peuple ridiculement sans issue, mais dont l’émoi qu’elle provoque ne peut laisser indifférent.
L’ENVERS : un chaos aux allures surréalistes
Qui, enfant, n’a pas joué au restaurant, comme on joue à l’école ou au docteur ? C’est comme si le service de table faisait partie de notre ADN et on oublie souvent qu’il s’agit en fait d’un métier qui nécessite de multiples apprentissages. Dans la nouvelle production L’Envers, de la compagnie Parabole, la jeune serveuse en entraînement, Emmanuelle (Laura Amar), l’apprend rapidement à ses dépens.
Je suis mixte : un drôle de n’importe quoi
Je suis mixte est d’abord l’histoire de François (Benoît Mauffette), propriétaire d’une entreprise de nettoyage de Drummondville, qui a une révélation soudaine sur le (non) sens de sa vie lors d’un voyage d’affaires à Berlin. La chaleur du sauna et l’effervescence des pistes de danse provoquent chez lui un conflit intérieur où s’entrechoquent tradition et désir d’une vie euphorisante. C’est aussi l’histoire de son oncle (Yves Jacques) qui rejoint son neveu loin du quotidien maison-travail-Costco afin d’assumer son homosexualité en toute liberté. Les deux comparses partagent leur histoire au public dans une performance artistique décousue, aux côtés de The Ghost, un musicien flegmatique à l’accent germanique (Navet Confit).
Pas perdus : Un objet de beauté
Pendant cette douloureusement longue période où l’on a été privé de théâtre, et même de contact humain, nous avons collectivement pris conscience d’une profonde absence de connexion; une connexion qu’aucune émission de télévision ni captation ne pourra jamais faire vivre aussi intensément qu’une production théâtrale comme Pas perdus, troisième documentaire scénique d’Anaïs Barbeau-Lavalette et d’Émile Proulx-Cloutier, après Vrais mondes et Pôle Sud.
Les Murailles : À la rencontre du père
Une femme, jeune mère, urbaine, s’envole la tête remplie de questions et de doutes vers le nord de la Côte-Nord, vers La Romaine et ses grands chantiers, à la rencontre d’un père qu’elle a peu vu, un père qui, quand il revenait auprès de sa famille, lui apparaissait comme un étranger.