Catégorie : Critiques
L’usine : Un monde sans sens
Alors que les changements climatiques, la pollution, les catastrophes écologiques et le réchauffement planétaire occupent fréquemment la place publique, il est normal que ces menaces soient de plus en plus prégnantes dans les œuvres artistiques. Après le succès de leur première production, Nikki ne mourra pas (2019), la seconde création théâtrale du Collectif des sœurs Amar, L’usine, est au diapason de son époque. Dans un monde apocalyptique, Joseph (Gabriel Cloutier-Tremblay) et Joséphine (Laura Amar), deux jeunes survivants affaiblis par les affres de la maladie, du manque d’eau potable, d’aliments et de médicaments, vivent du peu d’amour, d’espoir et de souvenirs qu’il leur reste.
Les glaces : Pour ne pas sombrer
La force de frappe qu’est l’écriture dramatique de Rébecca Déraspe déclenche une petite tempête dans la grande salle de La Licorne ces jours-ci avec Les glaces, nouvelle coproduction de La Manufacture et du Théâtre de La Bordée. Sans être aussi brutale que le thème du spectacle pourrait le laisser croire, cette tempête d’émotions si longtemps contenues soulève de nombreux questionnements, sains et nécessaires, cinq ans après que le mouvement #metoo a déferlé sur les réseaux sociaux du monde entier.
Le fils : Quand l’amour ne suffit pas
Non, tout l’amour d’un père et d’une mère ne suffira pas à combler ce vide béant. Non, tous les efforts de parents aimants et (sur)attentionnés ne viendront jamais à bout des blessures d’adolescent meurtri et trahi. Quand, d’un côté, le père confiant affirme que tout va bien et, que de l’autre, la mère épuisée crie que ça ne va pas du tout, le fils, lui, déchiré de partout, continue de sombrer, incapable de savoir à quoi sert la vie.
La nuit des rois : l’amour follement et pour toujours
Davantage reconnu pour ses grands drames, Shakespeare compte aussi son lot de comédies parmi lesquelles La nuit des rois figure en bonne place parmi les pièces les plus souvent montées. Après les trois années que nous venons de vivre collectivement, la coproduction du Théâtre du Nouveau Monde et du Théâtre Advienne que pourra est exactement ce dont nous avons besoin pour faire le plein de bonne humeur. La production devait être présentée à l’automne 2020, mais la pandémie en a décidé autrement. Il y a donc derrière l’arrivée de cette Nuit des rois si longtemps espérée comme un ton de triomphe contre l’adversité.
Les Waitress sont tristes : Créatif cowboy solitaire
La solitude, silencieuse, pesante, traverse la nouvelle production de la compagnie Joe, Jack et John, à l’affiche d’Espace Libre ce mois-ci. L’oeuvre collective, dont l’idéation est signée par Michael Nimbley, s’expérimente comme une longue ballade country avec ses moments douloureux, ses amours espérés ou déçus et ses vastes paysages à explorer.
Lequel est un Basquiat : le chaos identitaire
Samy, jeune Québécois aux origines haïtiennes, sème sa poésie dans la rue, au gré des surfaces qui croisent son chemin jusqu’au jour où on lui fait une offre irrésistible : créer des faux de Jean-Michel Basquiat en échange de beaucoup d’argent.
Cabaret : Willkommen
Reportée en raison de la pandémie et après, à n’en pas douter, de nombreuses heures de travail et de répétitions, la pièce Cabaret, produite par le Théâtre du Trident rayonne enfin sur les planches de la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec. Cette œuvre phare du siècle dernier, présentée à Broadway et adaptée au cinéma par Bob Fosse en 1972, est ici orchestrée par le metteur en scène Bertrand Alain qui a su raviver la flamme de cette comédie musicale et lui conserver son cachet des années 1930 à Berlin.
Festival ROYALMANIA – Agamemnon In The Ring: un direct au plexus
À Mycènes, le grand Agamemnon, champion des Grecs, s’apprête à tirer sa révérence, salué et célébré tant par ses proches que par les foules qui l’adorent, quand trois guerriers étrangers viennent dérober à son frère Ménélas son bien le plus précieux. Poussé par Ménélas, Agamemnon, contre l’avis même des dieux, prend la tête des héros de Mycènes pour aller aplatir Troie… Rivières?
Festival ROYALMANIA – Dick the Turd : Vaine lutte de pouvoir
D’entrée de jeu, l’ambitieux lutteur Dick the Turd ne nous cache rien de ses visées. Il a des dents en moins, et le corps tordu par des blessures réelles ou feintes, mais son esprit est fixé sur une ligne bien droite qui va propulser le lutteur des Rouges au sommet de la Fédération féodale de lutte (FFL).
Parc Optimiste : Un duel ludique à la sauce western
En ouverture de la programmation 2022-2023 de Premier Acte, Parc Optimiste est une fréquentation de choix pour les dernières semaines de l’été. La production exhale des odeurs automnales tant par son récit que par sa localisation. En plein air, sous le couvert des grands arbres de la cour arrière de l’Église Saint-Charles de Limoilou, sur la terre brute où sont dressés la scène et les gradins, à travers les effluves de foin mouillé et dans la pénombre fraîche des journées qui raccourcissent inexorablement, la pièce déjantée du collectif La Palestre repose sur le duel. En fait, tout dans cette œuvre relève de la dualité : deux temporalités, deux espaces, deux idéologies, deux adversaires… et même doubles identités.