Catégorie : Critiques
UTEI – Récit d’un survivant : Briller comme l’étoile du matin
Pendant des décennies, de la fin des années 1800 jusqu’en 1996, quand le dernier pensionnat autochtone a fermé au pays, nous avons collectivement refusé d’entendre les témoignages des survivants. Pendant des années, des membres des Premières Nations ont souffert, en intériorisant la violence contre leur peuple, leur culture, leur identité et même leur humanité ; jusqu’à il n’y a pas si longtemps, leurs histoires nous paraissaient lointaines, sans visages et sans noms. Mais depuis quelque temps, un changement s’opère, on s’indigne de plus en plus des mauvais traitements subis, on se scandalise de la découverte de tombes d’enfants, disparus, mais jamais oubliés par leur famille à qui ils avaient été enlevés.
Run de lait : un parcours qui abreuve l’esprit
Pour avoir du lait, il faut traire la vache. En soi, le procédé est assez simple. Mais quand vient le temps de monnayer ce lait, de le transformer, de le commercialiser et de légiférer sur la gestion de l’offre, les choses se complexifient grandement. Run de lait, une coproduction de la compagnie VA arts vivants et du Théâtre du Trident en collaboration avec six diffuseurs de Montréal, Saint-Jérôme, Valleyfield, Alma et Longueuil, est un spectacle qui aborde avec humour et conviction le rôle des différents acteurs de cette importante institution agricole. Il en dissèque le fonctionnement et met en relief ses mécanismes de contrôle.
That moment – Le pays des cons : L’humour moldave à l’assaut de la corruption
Alors que pleuvaient les bombes et les tirs d’artillerie russes sur le territoire et les citoyens terrés de l’Ukraine, il y avait quelque chose d’un peu surréaliste à se rendre à la salle Fred-Barry cette semaine pour voir la nouvelle création du Théâtre de l’Opsis.
Au sommet de la montagne : là où histoire et fiction se croisent
Marquant la réouverture du Théâtre Duceppe après sa fermeture en décembre dernier, Au sommet de la montagne, première version québécoise jamais présentée de la pièce originale The Montaintop écrite par la dramaturge américaine Katori Hall et traduite de l’anglais en québécois par Edith Kabuya, se veut une fiction relatant les dernières heures de la vie de Martin Luther King. Porté à la scène par Didier Lucien, incarnant le célèbre personnage historique, et Sharon James, la mystérieuse femme de chambre qui lui sert de compagnie, le spectacle mis en scène par Catherine Vidal prend place dans la chambre d’hôtel 306, la nuit du 3 avril 1968, à Memphis, où le pasteur King s’affaire à préparer son prochain discours qu’il ne pourra malheureusement jamais livrer.
À travers mes yeux : une oeuvre bonbon
Véritable symphonie de formes, de couleurs et de sons, À travers mes yeux est un spectacle où les sens et les émotions sont sollicités. Cette production de la compagnie de danse contemporaine Bouge de là, dont le travail est exclusivement tourné vers le jeune public, est un enchantement tant pour les yeux que pour les oreilles.
Quand nous nous serons suffisamment torturés : réflexion sur le pouvoir
Christian Lapointe a entamé un grand travail de réflexion lorsqu’il s’est attaqué à la pièce de Martin Crimp, When We Have Sufficiently Tortured Each Other. Présentée à Londres en 2019 avec Cate Blanchett en tête d’affiche, la pièce avait été sévèrement critiquée. Tandis que certains l’avaient trouvé ennuyeuse, d’autres lui reprochaient d’être offensante. Le metteur en scène et pédagogue québécois nous propose une version nuancée qui pose beaucoup de questions et qui propose une réflexion importante sur le pouvoir, les rôles genrés archaïques, le consentement et… les biais de l’auteur.
Limbo : Merci d’avoir assisté à ma conférence
Deux tables pliantes placées côte à côte, un pichet d’eau, des verres, de grands cartons et trois drôles de conférenciers qui attendent le bon moment pour commencer leur présentation. Sur quel sujet précisément? Il faut plusieurs minutes pour en discerner vaguement les contours tant leurs interventions ressemblent à des circonvolutions qui partent dans toutes les directions.
Blackbird : un face-à-face déroutant
Blackbird est, pour le moins qu’on puisse dire, une pièce bouleversante. Présentée au Périscope du 16 février au 5 mars 2022, cette production de L’Apex Théâtre nous plonge dans l’histoire insolite de Una et de Ray. Alors qu’elle était âgée de 12 ans et lui de 40, ceux-ci ont développé une relation amoureuse, jusqu’à ce que la famille d’Una et la police l’apprennent et que Ray soit envoyé en prison pour six ans. Mais voilà que, quinze ans plus tard, elle tombe sur une photo de lui dans un dépliant d’entreprise. Encore hantée par cette période trouble et éprouvante de son enfance, elle décide d’aller à la rencontre de celui qui fut, pour elle, à la fois son amoureux et son agresseur. Elle se rend sur le milieu de travail de Ray et le confronte; elle cherche à comprendre les intentions de cet homme avec qui elle a partagé son intimité. Una se remémore les moments qu’ils ont partagés ensemble et qui l’ont marquée à jamais. Elle tente de retracer ce qui les a liés.
Aime-moi parce que rien n’arrive : Une partition – deux interprétations
Librement inspirée de Mademoiselle Julie, une œuvre phare du théâtre scandinave écrite par August Strindberg en 1888 durant sa période dite « naturaliste », Aime-moi parce que rien n’arrive reprend dans ses grandes lignes la trame narrative de la pièce originale. Dans le cadre d’une fête au domaine, Julie, une jeune aristocrate, séduit Jean, le valet de son père, lequel est fiancé à Kristin, la cuisinière. Avec Aime-moi parce que rien n’arrive, la fête se déroule dans la résidence d’été du père de Julie (Ariane Bellavance-Fafard). Le huis clos dans lequel évolue l’intrigue met en présence deux employés du père : Jean (Gabriel Fournier) et Christine (Catherine Côté). Les protagonistes s’affrontent dans une sorte de duel amour-haine et usent de tous leurs artifices pour atteindre leurs buts.
Entre dumplings et musique : un réalisme qui rend nostalgique
Présentée pour la première fois sur scène à la Licorne en 2017, la création de Mathieu Quesnel et Nathalie Doummar L’amour est un dumpling revient en format « Vidéo Sur Demande » (VSD) sous la réalisation de Stéphane Laporte avec un épilogue en prime. Pour les besoins de la captation, la scène du Théâtre Duceppe est transformée en salle à manger d’un restaurant asiatique où de vrais dumplings sont servis par une énigmatique propriétaire. Toujours secrètement amoureux l’un de l’autre, Claudia et Marc s’y retrouvent, le temps d’un repas, après des années sans s’être parlé. À travers leur échange où l’humour et le drame s’entrecroisent tout en étant entrecoupés de moments musicaux, ils se rappellent leur insouciante jeunesse, leurs rêves abandonnés et évoquent leur désir de fuir leur vie désormais remplie de responsabilités.